Dan Carter lors du match face à Clermont, le 17 juin 2016. | DAMIEN MEYER / AFP

L’histoire récente a démontré que les finales de championnat n’étaient guère des monuments de jeu mais surtout l’affaire des botteurs. Il faudra qu’un vent de folie s’empare de Toulon-Racing 92, vendredi 24 juin à 20 h 45 à Barcelone, pour faire mentir les statistiques.

Ces dernières années, les finales de championnat se sont jouées sur des bases simples : une bonne défense, une conquête efficace, de l’occupation du terrain, une discipline de fer et surtout un buteur en réussite le jour J. Ainsi, sur les dix dernières éditions, seulement 19 essais ont été inscrits et plus de 71 % des points marqués l’ont été au pied (239 sur 334). La tendance est encore plus nette sur les cinq dernières finales, avec quatre essais seulement et deux épilogues où seuls les buteurs ont parlé (Toulouse-Toulon 2012, Clermont-Stade français 2015).

Un duel de buteurs

Avec un écart moyen de 9 points entre le vainqueur et le vaincu depuis 2006 et même de 6 points depuis 2011, on pourrait donc s’attendre à un duel à couteaux tirés. D’autant plus que Toulon et le Racing 92, deux équipes très solides sur leurs fondamentaux, ont eu les pires difficultés pour se départager cette saison : le Racing l’a emporté une fois en Top 14 (27-22) et une autre en Coupe d’Europe (19-16), pour une victoire de Toulon en championnat (21-20). Il y a donc une forte probabilité que le destin du Bouclier de Brennus dépende du pied de l’arrière gallois de Toulon, Leigh Halfpenny, de retour à la compétition après neuf mois de convalescence, ou de celui de l’ouvreur du Racing, le double champion du monde All Black, Dan Carter.

A ce stade de la saison et plus que jamais, la fraîcheur physique et l’apport du banc seront déterminants. Et ce sera à qui craquera le premier. Le Racing disputera en effet son 19match en autant de week-ends et sort tout juste d’une folle demi-finale poussée au bout de la prolongation face à Clermont (34-33). A Toulon, qui a eu un jour de moins de repos après sa demie, les absences des uns et des autres ont réduit les rotations d’effectif et pèsent encore. Il faudra ainsi se passer de titulaires potentiels, comme Ma’a Nonu, Drew Mitchell, Sébastien Tillous-Borde, Juanne Smith ou encore Duane Vermeulen. Dans ces conditions, deux options.

L’espoir d’un vent de folie

La première, s’enferrer dans un âpre combat. A Toulon, on devrait s’en remettre aux charges dévastatrices du centre Bastareaud, aux coups de boutoir de l’ailier Josua Tuisova ou encore à l’âpreté de la légion géorgienne Gorgodze, Mikautadze, Chilachava, pour ouvrir quelques portes. Le Racing compte lui aussi quelques gros bras, à commencer par le no 8 et ancien de la Rade Chris Masoe, mais aussi le massif pilier Ben Tameifuna ou encore le deuxième-ligne Bernard Le Roux.

Mais il existe aussi l’option du jeu et d’un tempo débridé. Le manageur du RCT, Bernard Laporte, rappelait samedi soir que son équipe était celle qui avait inscrit le plus d’essais lors de la saison régulière (89) et de loin. De son côté, le Racing possède quelques flèches (Johan Goosen, Brice Dulin, Juan Imhoff) particulièrement remuantes ces derniers temps. De quoi faire souffler un vent de folie sur Barcelone ?