« Les donateurs républicains n’ont jamais été aussi importants qu’aujourd’hui. Ils peuvent sauver leur parti en n’aidant pas son candidat », écrit George F. Will dans « The Washington Post ». | MITCHELL LAYTON / AFP

George Frederick Will, célèbre éditorialiste conservateur américain vient de claquer la porte du Parti républicain, a rapporté vendredi 24 juin le site d’information conservateur PJ Media.

Non content de tourner le dos au Grand Old Party (GOP), ce journaliste qui a obtenu le prix Pulitzer du commentaire politique et qui écrit notamment pour The Washington Post et la chaîne Fox News, appelle à faire perdre Donald Trump lors de l’élection présidentielle du 8 novembre aux Etats-Unis, quitte à prolonger de quatre ans le bail des démocrates à la Maison Blanche. « Ce n’est pas mon parti », a lancé M. Will lors d’un événement à l’initiative d’une organisation conservatrice.

M. Will a appelé les membres du Parti républicain à « faire en sorte que [M. Trump] perde », puisqu’il est trop tard pour changer de candidat, et à « serrer les dents » en attendant la prochaine élection.

L’arrivée de M. Trump à la Maison Blanche « sans opposition » d’un Congrès contrôlé par le Parti républicain serait pire que l’élection de la démocrate Hillary Clinton à la présidence alors que le Sénat et la Chambre des représentants sont contrôlés par l’opposition, estime M. Will.

Pas de dons

Depuis plusieurs mois, M. Will faisait cause commune avec les tenants du mouvement « tout sauf Trump ». A la fin d’avril, il avait écrit une chronique titrée : « Si Trump décroche l’investiture, le Parti républicain doit l’empêcher d’entrer à la Maison Blanche ». M. Trump avait répondu en le qualifiant de « gros perdant ».

M. Will fait partie des « penseurs » républicains qui ont franchi le pas, comme Mary Matalin, qui a quitté le GOP pour rejoindre le Parti libertarien, après les primaires de l’Indiana.

Henry Paulson, secrétaire d’Etat au Trésor sous George W. Bush lors de la crise financière de 2007-2009, a déclaré vendredi qu’une présidence de M. Trump était « impensable ». Dans une tribune publiée le 24 juin par The Washington Post intitulée « Choisir pour le pays plutôt que le parti », il écrit :

« S’agissant de la présidence, je ne voterai pas pour Donald Trump. Je voterai pour Hillary Clinton, avec l’espoir qu’elle soit en mesure de réunir les Américains pour faire ce qui est nécessaire pour renforcer notre économie, notre environnement et notre place dans le monde. »

M. Trump a profondément divisé le GOP, dont plusieurs membres historiques sont tentés par la dissidence. Certains donateurs traditionnels hésitent à mettre la main à la poche pour le soutenir, voire s’y refusent. « Sauvez votre parti, ne donnez pas [d’argent] à Trump », avait d’ailleurs exhorté M. Will dans une chronique publiée le 22 juin dans The Washington Post. Soulignant que le fonds de campagne du milliardaire était moins garni que ceux de certains candidats au Congrès, l’éditorialiste avait écrit que « les donateurs républicains n’ont jamais été aussi importants qu’aujourd’hui. Ils peuvent sauver leur parti en n’aidant pas son candidat ».

Il a dit qu’il s’était inscrit sur les listes électorales « sans affiliation » le jour où Paul Ryan avait annoncé son soutien à M. Trump, mais l’éditorialiste n’a pas dit pour qui il compte voter le 8 novembre.