Donald Trump sur son golf de Turnberry, près de Glasgow, le 24 juin 2016. | Jeremy Sutton-Hibbert pour Le Monde

C’est peu dire que Donald Trump a célébré avec emphase, vendredi 24 juin, le vote britannique pour la sortie de l’Union européenne intervenu la veille. « C’est fantastique, c’est un jour historique », a salué le futur candidat républicain à la présidentielle américaine du 8 novembre, qui était justement en déplacement en Écosse pour la réouverture d’un de ses golfs, à Turnberry, près de Glasgow. « Je vois un grand parallèle avec les Etats-Unis, les gens veulent récupérer le contrôle sur leur pays. Les gens veulent voir des frontières », a insisté M. Trump, à côté du trou numéro 9 de son magnifique parcours au bord de l’océan. Il a délibérément ignoré que les Ecossais ont voté à 62 % pour le maintien dans l’UE.

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De mère écossaise, M. Trump a investi près de 200 millions de dollars (181 millions d’euros) pour la rénovation de son golfe et d’un des deux hôtels de luxe qu’il possède dans la région. En plein milieu de la campagne présidentielle, le candidat s’est donné deux jours pour venir l’inaugurer. Un voyage visiblement calculé pour tomber pile au lendemain du référendum britannique, même si M. Trump a assuré n’être venu que « pour soutenir ses enfants » qui se sont occupés de la rénovation. Il a longuement célébré sa réussite et celle de sa famille devant quelques dizaines membres de son club – la plupart âges et fortunés. On était bien loin du meeting historique de Barack Obama devant des dizaines de milliers de Berlinois lors de sa campagne, en juillet 2008.

Ni la première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, ni le premier ministre britannique David Cameron n’avaient accepté de recevoir M. Trump, en condamnant ses propos sur l’islam et l’immigration. « Mais je pense que David Cameron ne va recevoir personne aujourd’hui », s’est moqué le candidat, alors que le premier ministre britannique venait juste d’annoncer sa future démission. Une petite manifestation avait été organisée par des Ecossais à l’occasion de son discours, qu’un activiste a perturbé en lançant des balles de golf bardées de croix gammées. Cela n’a pas dérangé une seconde le magnat de l’immobilier, qui a préféré insister sur la présence du « conseil municipal » local.

« La livre descend mais l’activité va revenir »

« Je sentais que ça allait se passer », a répété le milliardaire au sujet du « Brexit », évoquant « l’immigration » et les « frontières » comme principal moteur du vote. Il a minimisé les conséquences pour l’économique britannique : « La livre descend mais l’activité va revenir, on verra vraiment les conséquences dans cinq ans. Mais l’essentiel est de toute façon de récupérer son indépendance. » Il a aussi assuré que le Royaume-Uni resterait, s’il était élu, le « meilleur allié » des Etats-Unis, écartant les menaces formulées par Barack Obama sur la qualité des échanges économiques entre les deux pays.

Mais surtout, Donald Trump a dit tout le mal qu’il pensait de la construction européenne. « L’Union européenne a fait des erreurs énormes, regardez ce qu’il se passe en Allemagne », a-t-il lancé en référence à l’arrivée d’1 million de migrants dans le pays en 2015. « J’ai beaucoup d’amis allemands qui ont été obligés de déménager », a-t-il même assuré, avant de conclure que « la décomposition de l’Union européenne est en cours ». Les journalistes essayant de savoir s’il était opposé à toute immigration, ou s’il était déçu qu’aucun officiel britannique ne le reçoive, ont eux été qualifiés de « dégoûtants », avant que le candidat reparte avec ses trois enfants profiter de son golf.