L’opposition vénézuélienne a annoncé, vendredi 24 juin, avoir obtenu la validation des signatures nécessaires pour demander la convocation d’un référendum révocatoire contre le président Nicolas Maduro. Il appartient à présent au Conseil national électoral (CNE), que l’opposition accuse d’être contrôlé par le camp Maduro, de décider, d’ici le 26 juillet, si le référendum peut être convoqué.

« La quantité minimale de signatures nécessaire a été clairement dépassée », a déclaré Vicente Bello, coordinateur pour les affaires électorales de la Table de l’unité démocratique (MUD), la coalition de l’opposition vénézuélienne. Il parlait à l’issue de la dernière des cinq journées, au cours desquelles 200 000 signatures devaient être validées par les autorités électorales.

De lundi à vendredi, des milliers de Vénézuéliens se sont rendus dans les centres électoraux pour faire valider leurs signatures avec leurs empreintes digitales. Henrique Capriles, principal dirigeant de l’opposition, a annoncé qu’à la date de vendredi, 409 313 personnes étaient ainsi venues faire valider leurs signatures dans tout le Venezuela.

Le pays en ébullition

« Le grand perdant de la journée d’aujourd’hui est Nicolas Maduro, que nous allons révoquer cette année », a lancé M. Capriles. « Mission accomplie, cher Venezuela », a-t-il déclaré plus tard sur son compte Twitter. Au terme d’un processus complexe, les adversaires de M. Maduro doivent réunir quelque quatre millions de signatures pour que le CNE les valide, et qu’il soit alors possible de convoquer le référendum révocatoire.

Au cours de la semaine, la MUD a accusé le pouvoir de M. Maduro de tenter de saboter le processus de validation des signatures par des retards, des obstacles logistiques et des menaces voilées de suspension du processus. Le principe d’un référendum reste en outre suspendu à l’issue d’un recours judiciaire déposé par le camp présidentiel, qui demande une annulation pour « fraude » aux signatures.

Le pays, dont l’économie s’est effondrée avec la chute des prix du pétrole, est en ébullition. Pillages et lynchages se font plus nombreux, les habitants étant las d’une pénurie qui frappe 80 % des aliments, d’une criminalité en hausse et de la pire inflation au monde (180,9 % en 2015). Ces troubles ont fait au moins cinq morts ces dernières semaines.

Malgré son impopularité, M. Maduro, fort du soutien de l’armée, de la majorité des institutions et d’un noyau dur de chavistes, reste serein. « S’il y a un référendum, nous irons et nous gagnerons, s’il n’y en a pas, la vie politique du pays continuera », a-t-il déclaré jeudi.