Le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping jeudi 23 juin à Tachkent en marge du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghaï. | Mikhail Klimentyev / AP

Vladimir Poutine est arrivé en Chine samedi 25 juin pour un sommet avec le président Xi Jinping placé sous le signe des convergences croissantes entre Moscou et Pékin. Dans une interview à l’agence Xinhua (Chine nouvelle) publiée le 17 juin, le président russe a même déclaré que les deux pays se considéraient comme « des alliés proches » – une expression inhabituelle, qui a quelque peu étonné en Chine puisque Pékin a toujours refusé toute politique d’alliance. « Vous voulez savoir si la Chine et la Russie vont s’engager sur la voie de devenir des alliés ? Je ne crois pas que cela va dans cette direction. La Chine a pour principe, avec la Russie, de devenir de bons amis, mais pas des frères d’armes », rectifie Li Ziguo, directeur du Centre d’études de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS), qui rassemble Chine, Russie et les pays d’Asie centrale sur les questions de sécurité. La Chine mène une politique de « partenariat stratégique global » avec Moscou, comme avec de nombreux pays occidentaux.

« Contexte favorable »

« Cela signifie-t-il que les Russes ont plus besoin de la Chine que la Chine de la Russie ? Peut-être », note Jean-Pierre Cabestan, de l’université baptiste à Hongkong, qui constate que la coopération militaire va désormais dans les deux sens : les Chinois, gros clients du complexe militaro-industriel russe, commencent à fournir des composants électroniques pour des fusées russes et devraient équiper des bateaux militaires russes de moteurs diesel, Moscou n’ayant pu se fournir en Allemagne. « Il y a un contexte favorable pour les relations sino-russes : un rapprochement qui se fait contre l’Occident, une neutralité bienveillante de la Chine sur la question ukrainienne et, en retour, un soutien assez net des Russes sur les questions des mers de Chine du Sud. Les Russes reprennent exactement l’argumentaire chinois d’entretiens bilatéraux et de négociations pacifiques pour résoudre les différends territoriaux entre la Chine et ses voisins », poursuit le chercheur, auteur de La politique internationale de la Chine, Entre intégration et volonté de puissance (Presses de Sciences Po, 2015).

Le président chinois Xi Jinping et son homologue russe doivent ce week-end signer un certain nombre d’accords dans le domaine économique, notamment la suite de la coopération enclenchée avec le projet de train à grande vitesse Moscou-Kazan. La Chine s’est également engagée en avril à financer la construction d’une usine de gaz naturel liquéfié sur la péninsule arctique de Yamal pour près de 10 milliards d’euros.

Obstacles économiques

Paradoxalement, ce sont les dossiers économiques qui aux yeux des Chinois posent le plus de problèmes : « C’est dans le domaine économique qu’il y a le plus de limites à la convergence entre Chine et Russie. Nos deux économies sont de taille différente. L’économie russe est en transition. C’est donc inévitable. De longues négociations sont nécessaires pour parvenir à une compréhension mutuelle », explique Jiang Yi, un chercheur de l’Institut d’études sur la Russie, l’Europe orientale et l’Asie centrale de l’Académie des sciences sociales. L’économie est « la partie la plus vulnérable des relations sino-russes », estime-t-il.

Ces divergences ont pour l’instant ralenti l’avancée des discussions autour d’une intégration des projets de zones économiques russes et chinoises – en l’occurrence l’Union économique eurasiatique et la Ceinture économique des routes de la soie – initiées en mai 2015. « Malgré une évaluation positive ce programme de la part des experts russes et chinois, les deux pays ne sont pas encore parvenus à trouver le moyen de le réaliser. Des obstacles sont apparus au cours de l’année écoulée », signalait le quotidien chinois Global Times le 23 juin.

Autre dossier, la poursuite de l’élargissement de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS), dont le sommet à Tachkent, en Ouzbékistan, les 24 et 24 juin, a marqué le quinzième anniversaire. L’OCS est conçue par les deux géants comme un outil de stabilisation de l’Asie centrale sur les questions de sécurité. Xi Jinping et Vladimir Poutine y étaient tous deux présents. L’OCS a enclenché les procédures d’intégration de deux nouveaux membres de poids, l’Inde et le Pakistan.