Après une onzième journée de manifestation contre le projet de loi réformant le code du travail, mardi 28 juin, et avant une douzième journée d’action, d’ores et déjà annoncée par la CGT pour le 5 juillet, le premier ministre, Manuel Valls, entame, mercredi 29 juin, une série de rendez-vous avec les dirigeants des syndicats de travailleurs, mais aussi avec ceux du patronat pour, officiellement, « faire un point ». Ces entretiens surviennent alors que le projet de loi a été adopté, dans une forme très profondément remaniée, par le Sénat. Ce dernier doit désormais repartir pour une seconde lecture à l’Assemblée nationale, à compter du 5 juillet ; le gouvernement comptant à cette occasion rétablir, peu ou prou, la version qu’il a fait adopter de force en première lecture par les députés, en utilisant l’article 49.3.

  • Qui est reçu et quand ?

M. Valls, accompagné de la ministre du travail, Myriam El Khomri, va d’abord recevoir les syndicats soutenant la réforme : Philippe Louis, président de la CFTC, à 16 h 15, puis Laurent Berger (CFDT), à 17 heures. Suivront les syndicats hostiles au texte : Philippe Martinez (CGT) sera reçu à 17 h 45 et Jean-Claude Mailly (FO) à 18 h 30.

Jeudi, ce sera au tour des représentants des chefs d’entreprises de rencontrer M. Valls et Mme El Khomri : François Hommeril (CFE-CGC) ouvrira les rencontres à 14 h 30, suivi de Pierre Gattaz (Medef) à 15 h 15, François Asselin (CGPME) à 16 heures, et Jean-Pierre Crouzet (UPA) à 16 h 45.

  • A quoi vont servir ces rendez-vous ?

Ces rencontres ont été saluées à la fois par les syndicats et par le patronat. Au cours des semaines écoulées, l’absence de dialogue direct entre gouvernement et syndicats a notamment été vivement dénoncée par une partie de ces derniers – ceux, hostiles au projet, CGT en tête.

M. Valls a toutefois prévenu que ces rendez-vous ne sauraient constituer une « réouverture d’un cycle de négociations ». Au ministère du travail, on fait savoir que, sans nier les désaccords, la volonté est « d’aller aussi loin que possible pour dissiper les craintes ». Le président de la République, François Hollande, a, pour sa part, redit la semaine dernière qu’il comptait aller « jusqu’au bout » sur cette réforme sociale.

Mais la CGT et FO veulent croire que si M. Valls a décidé de recevoir ainsi les syndicats et le patronat, « c’est qu’il a des réponses à nous donner », comme l’explique Philippe Martinez. « Si le gouvernement n’a l’intention de céder sur rien, cela va être un coup pour rien », prévient Jean-Claude Mailly. Laurent Berger a averti que si le gouvernement reculait, son syndicat « serait en travers de la route ».

  • Le gouvernement est-il prêt à faire un « geste d’ouverture » ?

« Il peut y avoir des propositions, des avancées, mais qui ne changeront pas la nature du texte », a annoncé à l’Agence France-Presse un proche du chef de l’Etat. Une chose est sûre, le gouvernement ne veut pas modifier l’article 2 du projet de loi, qui prévoit la primauté des accords d’entreprise sur les accords de branche en matière de temps de travail, et sur lequel se concentrent les critiques d’une partie des syndicats.

Toutefois, selon nos informations, le gouvernement devrait proposer de préciser que, hors ce qui touche au temps de travail (nombre maximal d’heures quotidiennes et hebdomadaires, temps de repos, congés payés, etc.), les négociations sociales au niveau des branches d’activité ne s’effaceront pas totalement devant celles menées au niveau des entreprises. Et qu’au contraire, sur un certain nombre de sujets, leur rôle sera réaffirmé.