Jeudi 14 juillet, les cinq sites libyens, Cyrène, Leptis Magna, Sabratha, Tadrart Acacus et Ghadamès, labellisés « Patrimoine mondial de l’Unesco » en 1982 et 1985, ont été inscrits sur la Liste en péril de l’organisation onusienne. « Du fait des dégâts subis et des risques encourus en lien avec le conflit qui affecte le pays », indique le Comité de Patrimoine mondial, réuni à Istanbul, en Turquie, jusqu’au 20 juillet, pour sa 40è session. Le Comité a rappelé « que la Libye était soumise à une forte instabilité et que des groupes armés sont présents sur ces sites ou dans leur immédiate proximité. Il a justifié cette décision par les dommages déjà survenus et les graves menaces qui pèsent sur ces sites. ».

L’avancée des djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI), sur la côte libyenne, depuis l’automne 2015 de Sabratha à l’ouest, à Syrte au centre, et à Derna, à l’est, ne cessait d’inquiéter pour les pillages des nécropoles et des vestiges antiques sculptés. Notamment à Cyrène, à soixante kilomètres de Derna, immense cité grecque en balcon sur la Méditerranée et dont le grand temple dédié à Zeus est plus vaste que le Parthénon d’Athènes.

Leptis Magna, la « Rome de l’Afrique » à l’ouest, embellie et agrandie par l’empereur Septime Sévère, un enfant du pays, également concernée, est une des plus impressionnantes cités romaines, avec ses monuments grandioses, son port artificiel, son marché, ses entrepôts, ateliers et quartiers d’habitation. Sur le comptoir phénicien Sabratha, reconstruit par les Romains aux premier et deuxième siècles, et occupé par Daech (acronyme arabe de l’EI) depuis de longs mois, la menace est alarmante.

« Rome de l’Afrique », agrandie par Septime Sévère, Leptis Magna  déploie ses vestiges spectaculaires sur le rivage méditerranéen. | Unesco/Giovanni Boccardi

Mobiliser la communauté internationale

Sont aussi concernés, dans le Sahara libyen, les quelques milliers de peintures rupestres, les plus anciennes datant de 12 000 av.J.-C., du massif rocheux de Tadrart Acacus, frontalier du Tassili des Ajjers algérien. Ainsi que l’oasis de Ghadamès, une des plus vieilles cités présahariennes dont les maisons, en torchis, sont reliées par des passages couverts aveugles, protégeant du feu solaire.

L’inscription des cinq sites sur la Liste en péril sonne comme une alerte du danger pesant sur la patrimoine de l’humanité à valeur universell. Elle a pour vocation de mobiliser « le soutien de la communauté internationale en faveur de la protection de ces sites ». Avant qu’il ne soit trop tard.

Sabratha, comptoir phénicien, reconstruit par les Romains aux deux premiers siècles de notre ère. | Unesco/Giovanni Boccardi