Quelque 111 000 électeurs sont appelés à choisir leur nouveau président dimanche 17 juillet à Sao Tomé et Principe, petit archipel africain pauvre et endetté en quête d’investissements pour développer son potentiel touristique et pétrolier, en plus des productions de café et de cacao.

A bientôt 79 ans, le président sortant Manuel Pinto da Costa postule pour un nouveau mandat de cinq ans face au parti de son rival, le premier ministre Patrice Trovoada, sur cette « île du milieu du monde » à 300 km au large du Gabon, un havre de tranquillité par rapport au reste de l’Afrique centrale. M. Trovoada, 54 ans, soutient Evaristo Carvalho, candidat de l’Alternance démocratique indépendante (ADI), vainqueur des législatives en 2014. Comme au Portugal, l’ancienne puissance coloniale, le président de la République arbitre mais ne gouverne pas, laissant le pouvoir au premier ministre. Ce pays, parmi les plus petits d’Afrique, a fêté mardi 12 juillet le 41e anniversaire de son indépendance.

Cinq candidats à la présidentielle

Elu en 2011, M. Pinto da Costa incarne une survivance de la guerre froide. Premier président de 1975 à 1990, l’économiste avait alors arrimé son pays au bloc soviétique : régime marxiste-léniniste, parti unique (le Mouvement de libération de Sao Tomé et Principe, MLSTP), dissidents contraints à l’exil, et une économie administrée qui a mené à la ruine l’ancien premier producteur mondial de cacao au début du XXe siècle. En face, Patrice Trovoada perpétue l’héritage politique de son père, Manuel, autre héros de l’indépendance, lui-même élu président en 1991, après des années d’exil, quand le pays a organisé des élections multipartites et ouvert son économie.

Trois autres candidats sont en lice, dont un enseignant qui se déclare le « candidat choisi par Dieu ». Un second tour est prévu si aucun n’obtient 50 % lors de ce scrutin suivi par une mission d’observateurs de l’Union africaine (UA) conduite par l’ex-président du Mozambique Armando Guebuza.

La pauvreté frappe 66 % des habitants

De nombreux Sao-Toméens voteront depuis Libreville ou Lisbonne, contraints à l’émigration en raison de la pauvreté qui frappe 66 % des 195 000 habitants d’un pays surendetté et dépendant à plus de 80 % de l’aide extérieure. Néanmoins, le pays ne manque pas d’atouts avec une croissance moyenne de 4 % par an depuis 2012, « plus forte que dans beaucoup d’autres petits Etats insulaires », soulignait le Fonds monétaire international (FMI) en juin, ajoutant : « L’inflation est tombée de 28 % à 4 %, la plus faible de ces deux dernières décennies. »

Outre le chocolat et le café, qui séduisent les filières du commerce équitable en Europe, Sao Tomé et Principe mise avec ses plages de rêve sur le tourisme durable, avec quelques investisseurs sud-africains, espagnols et portugais. Des sociétés étrangères, notamment chinoises, ont enfin commencé la prospection de champs pétroliers offshore, avec des premiers forages prévus en 2018-2020.