« Omar le Tchétchène », le 3 juillet 2014. | AFP

Reconnaissable à sa longue barbe rousse et à son bonnet noir, réputé pour être aussi fin stratège que féroce au combat, « Omar le Tchétchène » était l’un des chefs militaires les plus recherchés de l’organisation Etat islamique (EI). « Un chef de guerre expérimenté », « le ministre de la défense du califat », selon Washington, qui avait mis sa tête à prix pour 5 millions de dollars. Mercredi 13 juillet, l’agence de communication du groupe djihadiste, Aamaq, a déclaré qu’il avait été tué « dans la ville de Chirkat alors qu’il participait [à la bataille] pour repousser la campagne militaire contre la ville de Mossoul », son fief dans le nord de l’Irak, sans préciser la date ni les circonstances de sa mort.

Sa mort a été plusieurs fois annoncée et démentie. En mars, le Pentagone a annoncé sa mort « probable » dans une frappe de la coalition internationale dans le nord-est de la Syrie, ce que l’EI a démenti. Le Pentagone a confirmé, jeudi, avoir tenté d’éliminer par une frappe aérienne « Omar le Tchétchène », sans confirmer officiellement sa mort. « Le 10 juillet, la coalition a conduit une frappe sur une réunion de dirigeants du groupe Etat islamique près de Mossoul. Nous pensons qu’Omar le Tchétchène était présent, avec 16 autres responsables », a déclaré Peter Cook, le porte-parole du Pentagone. « Nous pensons que cela a été une frappe réussie, mais nous ne sommes pas en position de confirmer qu’il a été tué », a-t-il également indiqué.

De son vrai nom Tarkhan Batirachvili, Omar le Tchétchène est né en 1986 d’un père chrétien et d’une mère musulmane dans la vallée du Pankissi, en Géorgie, une région frontalière de la Tchétchénie et peuplée en majorité de Kistines, des descendants de Tchétchènes immigrés au XIXe siècle. Après avoir combattu contre les Russes dans l’armée géorgienne lors de la guerre de l’été 2008, il a été démobilisé pour raisons médicales.

Proche conseiller d’Al-Baghdadi

En 2010, il a été arrêté pour détention d’armes et a passé seize mois en prison, où il s’est converti à l’islam. A sa sortie de prison, il a rejoint des rebelles tchétchènes installés en Turquie, pour la plupart issus du groupe islamiste radical de l’Emirat du Caucase, qui sont allés dès 2012 prêter main-forte à la rébellion armée contre le régime syrien.

Tarkhan Batirachvili a alors pris la tête du groupe Jaïch Al-Mouhajirine wal Ansar, « l’armée des émigrants et des défenseurs », en pointe des combats dans le nord de la Syrie, au côté du Front Al-Nosra, lié à Al-Qaida. Lorsque l’EI apparaît, en mai 2013, il fait allégeance à son dirigeant, Abou Bakr Al-Baghdadi, dont il devient un proche conseiller. Il est nommé commandant militaire du groupe pour le nord de la Syrie et intègre le « majlis al-choura », le « comité central » et organe dirigeant de l’organisation djihadiste.

En mars, le Pentagone avait estimé que sa mort devrait « affecter la capacité de l’EI à recruter des combattants étrangers, spécialement de Tchétchénie et du Caucase » et sa capacité à « coordonner la défense de ses bastions » de Rakka, en Syrie, et de Mossoul, en Irak. Le contingent des combattants russophones en Syrie a été évalué à près de 2 000 en février, par le patron du FSB, les services de renseignement russes, Alexandre Bortnikov.

La coalition internationale de lutte contre l’EI mène une campagne pour l’élimination des cadres du groupe djihadiste. Fin mars, le Pentagone avait annoncé « l’élimination » dans une opération américaine en Syrie d’Abdel Rahmane Al-Qadouli, présenté comme le numéro deux de l’EI, « agissant comme leur ministre des finances et responsable de plusieurs complots extérieurs ».