LA LISTE DE NOS ENVIES

Cette semaine dans la sélection replay, une plongée dans le Paris du début du XVIIIsiècle à travers les bruits de la ville – restitués par l’archéologie du paysage sonore –, Dieu, l’amour et les copains à 20 ans, et le ventriloque Jeff Panacloc qui ne tient pas tout à fait ses promesses.

Paris sur écoute

Comment rendre attractive cette discipline des sciences humaines nommée l’archéologie du paysage sonore ? En s’y prenant comme la journaliste Morgane Remy qui, dans son documentaire 1730, Paris s’éveille, donne la parole à l’historienne Mylène Pardoen dont le désir est de faire « sentir l’histoire du quotidien par le sensible ».

A l’aide de témoignages, de traces écrites, de tableaux et de gravures, cette dernière a reconstitué « une fresque sonore », c’est-à-dire l’ambiance du Grand Châtelet au début du XVIIIe siècle. Cette bande-son de huit minutes résume huit années de travail. Mylène Pardoen nous fait découvrir une ville où le Parisien d’aujourd’hui perd ses repères. L’expérience auditive est savoureuse. Suivez le guide !

Se retrouver sur le pont au Change, au milieu des maisons qui le bordent. Entendre le cri aigu des mouettes posées là-haut, sur les charpentes. Ecouter les sabots des chevaux qui battent le pavé. Marcher vers le pont Notre-Dame, tendre l’oreille et se laisser bercer par le ronflement d’une pompe qui aspire les eaux de la Seine.

Remonter le pont au Change et s’arrêter devant des lavandières qui, dans des baquets d’eau chaude, nettoient le linge avec de la cendre. Quelques mètres plus loin, dans l’une des rues de l’île de la Cité, reconnaître les coups de hache d’un boucher. Le bruit du grattage des peaux des tanneurs. Se laisser attirer par le cliquetis d’une imprimerie. L’atmosphère artisanale propage les sons. Fermez les yeux. Vous êtes à Paris… avant la Révolution française, en 1730. Quentin Pérez de Tudela

« 1730, Paris s’éveille » de Morgane Remy (France, mars 2016). En podcast sur Arteradio.com

Vingt ans et des questions plein la tête

Tea time club - Bande annonce
Durée : 00:40

Comment croit-on en Dieu ? Comment se fait-on des amis ? Comment grandit-on et aime-t-on quand on habite Paris ou ailleurs et qu’on a vingt ans ? Ces quatre questions animent la série documentaire « Tea Time Club », pour laquelle la réalisatrice Caroline Gillet est allée à la rencontre de jeunes de tous les continents, les invitant à partager leur histoire par le biais d’une webcam et l’application Skype.

Les deux premiers épisodes se révèlent captivants, et particulièrement celui concernant la religion et les croyances. Kim (une Américaine de confession navajo, et chrétienne), Anis (musulman soufi algérien) et Mayrenne (une Vénézuélienne, convertie au protestantisme évangélique) témoignent. Ces trois étudiants, tous enfants de la mondialisation, se sont bricolé une spiritualité qui échappe parfois à leurs parents et aux croyants de leur communauté, attachés aux traditions séculaires de leurs ancêtres.

Le troisième volet, sur l’amitié, donne à entendre Anu – jeune Polonais transsexuel de Varsovie, qui raconte combien il est difficile de se faire accepter tel qu’il est – et surtout, Tanuj, brahmane (la plus haute caste en Inde) que sa mère a empêché, enfant, de fréquenter les enfants de castes inférieures. Ils ont 20 ans. Un âge dont on ne saurait dire, après les avoir entendus, qu’il est le plus beau de la vie. Q. P. de T.

« Tea Time Club », de Caroline Gillet et Benoît Toulemonde (France, 2016, 4 x 26 minutes). Chaque jeudi, jusqu’au 8 juillet sur France 4, et en replay sur france4.fr

Jeff Panacloc et Jean-Marc se cherchent encore

Jeff Panacloc Et Jean Marc 2015 | jeff panacloc perd le contrôle spec 2016
Durée : 02:04:26

Jeff Panacloc évite l’écueil sur lequel de nombreux artistes ont fait naufrage : celui des problèmes de cœur. Pas un mot là-dessus pour le ventriloque, dont le titre du dernier spectacle annonce qu’il « perd le contrôle » de son singe en peluche Jean-Marc. Un spectacle que TF1 a filmé, à Nantes, samedi 9 juillet.

Jeff n’y va pas par quatre chemins et promet un show exceptionnel. La promesse est grande. Les caprices de stars aussi… Jean-Marc va tout faire pour ne pas jouer la comédie : « T’as qu’à le faire seul ton spectacle de merde ! » Pendant plus de deux heures, la repartie du singe fait mouche.

Et il n’y en a pas que pour le premier rang. Chanteurs et politiques ne sont pas épargnés non plus. « Il est président François Hollande ? Mais quelqu’un le lui a dit ? Faut lui envoyer un texto ! t’es président, le gros, réveille-toi ! », lâche le primate.

Et c’est là précisément que Jeff Panacloc déçoit le plus ; lorsqu’il confond politiquement incorrect et fausse impertinence et que ses galéjades se limitent à railler le physique de ses cibles. Et l’on regrette que Jeff Panacloc n’explore pas davantage de sujets plus subversifs.

Dans ce flot de blagues graveleuses que vient heureusement contrebalancer un jeu de scène original, le public oscille entre fou rire sincère et gêne profonde. Q. P. de T.

« Jeff Panacloc perd le contrôle », en replay sur MyTF1