Les trois partis d’opposition représentés au Parlement turc se sont déclarés opposés à la tentative de coup d’Etat en cours en Turquie, dans la nuit de vendredi 15 juillet au samedi 16 juillet. La volonté de retour à la normale a primé sur les puissantes tensions qui caractérisent les relations de ces formations politiques avec le pouvoir, dominé par l’AKP (islamo-conservateur) du président Recep Tayyip Erdogan. L’échec de la tentative de coup d’Etat serait susceptible de renforcer encore l’AKP, avec une pression accrue sur les formations d’opposition.

Le président du Parti du mouvement national (MHP, ultranationaliste) a été le premier à réagir qualifiant la tentative de putch « d’inacceptable ». Dans une déclaration écrite il a indiqué que la suspension du processus démocratique serait une « grave erreur » susceptible de « détruire l’unité nationale ».

Kemal Kiliçdaroglu, président du Parti républicain du peuple (CHP), séculier et kémaliste, principale force politique d’opposition, a plus tard fait part de son opposition à la tentative de coup d’Etat via son compte Twitter officiel.

La réaction similaire du HDP pro-kurde

D’abord silencieux, le Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurde) a publié à son tour un communiqué condamnant les putschistes et l’opposition de principe du parti « à toutes sortes de coup d’Etat, quelles que soient les circonstances ».

Le rejet de la tentative de coup d’Etat par l’ensemble de l’opposition est unanime malgré les profondes divisions qui la traversent et la forte polarisation du champ politique turc. Cible de violentes attaques par le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, le CHP, héritier de la tradition kémaliste dont se réclame traditionnellement l’armée, a néanmoins clairement marqué son attachement au retour à la légalité et au fonctionnement normal du processus politique.

La réaction similaire du HDP pro-kurde intervient également au moment où ses parlementaires sont inquiétés par la justice suite à la levée de leur immunité parlementaire. Le gouvernement turc accuse en effet les responsables de ce parti d’être l’émanation civile du Parti des travailleurs du Kurdistan, mouvement armé en guerre contre Ankara depuis 1984 et entré à l’été 2015 dans une nouvelle phase d’affrontements avec les forces de sécurité turques. L’explosion de violence s’est traduite par de nombreux morts civils et combattants ainsi que par la destruction de quartiers entiers dans le sud-est à majorité kurde du pays.