Fethullah Gulen dans sa résidence à Saylorsburg en Pennsylvanie. | Selahattin Sevi / AP

Le coup d’Etat déclenché en Turquie vendredi 15 juillet a-t-il été initié par l’imam turc Fetullah Gülen ? Le président Recep Tayyip Erdogan a accusé les putschistes d’être liés à son ennemi juré, exilé depuis des années aux Etats-Unis. Mais le mouvement Hizmet, lié à la confrérie religieuse de l’imam, a publiquement déclaré son opposition au putch.

Une déclaration publiée dans la nuit de vendredi à samedi sur Twitter par l’Alliance pour les valeurs partagées, une des vitrines officielle de la confrérie, condamne « toute intervention militaire dans la politique intérieure turque ». La déclaration qualifie les allégations des « cercles pro-Erdogan » sur la participation de la confrérie d’« hautement irresponsables ».

Initialement allié au Parti de la justice et du développement (AKP) dont il partage le conservatisme religieux au moment de son arrivée au pouvoir en 2002, le mouvement Hizmet a pu s’assurer une influence considérable au sein de l’appareil d’Etat turc, notamment au sein de la police et des institutions judiciaires. Fin 2013, cependant, la rupture entre l’AKP et la confrérie est consommée. Un scandale de corruption impliquant des proches de Recep Tayyip Erdogan éclate.

Plusieurs cadres de l’AKP et de l’entourage de son leader sont arrêtés. Le pouvoir accuse une tentative de renversement par le mouvement Hizmet désigné sous le terme « d’Etat parallèle ». La lutte d’influence entre les anciens alliés se traduit par des purges massives visant les partisans du mouvement Hizmet au sein des institutions policières et judiciaires ainsi que dans les médias et la société civile.

Qualifié d’organisation terroriste

Qualifié depuis d’organisation terroriste par les responsables du gouvernement turc, le mouvement Hizmet est historiquement opposé aux interventions de l’armée dans la vie politique turque.

Des poursuites judiciaires contre les relais du mouvement sont toujours en cours. Mercredi, l’agence officielle Anadolu Ajansi indiquait en citant des sources au sein de la magistrature que le dossier de demande d’extradition de Fetullah Gülen, réfugié aux Etats-Unis depuis 1999 du fait de son opposition aux militaires, avait été préparé par le procureur d’Ankara et était sur le point d’être envoyé au ministère de la justice à Washington.

L’échec de la tentative de coup d’Etat pourrait se traduire par des actes de représailles violentes de la part des partisans du président Erdogan à l’encontre des soutiens du mouvement Gülen au sein de la société civile.