Lors de la cérémomnie de clotûre des Jeux olympiques de Sotchi, en 2014. | Matthias Schrader / AP

A trois semaines de l’ouverture des Jeux olympiques de Rio, le 5 août, c’est un nouveau rapport qui tombe mal pour la Russie. Lundi 18 juillet, l’Agence mondiale antidopage (AMA) a rendu public le rapport de 97 pages du juriste canadien Richard McLaren sur les accusations de dopage organisé qui s’accumulent depuis des mois à l’encontre du sport russe et en particulier de l’athlétisme, dont la fédération est toujours sous le coup d’une suspension de la part de la Fédération internationale d’athlétisme.

« Aide active du FSB »

Le rapport de M. McLaren, qui s’est particulièrement intéressé aux Jeux olympiques de Sotchi, en février 2014, dénonce un « système de dopage d’Etat sécurisé », « dirigé, contrôlé et supervisé » par le ministère des sports russe, « avec l’aide active du FSB, les services secrets russes ». Il estime ainsi que les laboratoires antidopage de Moscou et Sotchi ont protégé les sportifs russes dopés pendant les Jeux qu’ils avaient remportés en termes de médailles.

Le rapport avait été commandé en mai par l’Agence mondiale antidopage après les accusations de l’ancien patron du laboratoire russe antidopage Grigori Rodtchenkov sur un système de dopage organisé lors des JO d’hiver de Sotchi 2014. En mai, il avait décrit dans les colonnes du New York Times les stratagèmes mis en place pour déjouer les contrôles. Un système qui aurait profité à « 15 médaillés olympiques » russes.

« Le personnel du laboratoire de Moscou n’avait pas le choix quant à son implication dans ce système (...) qui permettait aux athlètes russes de participer à des compétitions malgré l’utilisation de produits dopants », conclue le rapport. Evoquant très précisément le cas des Jeux de Sotchi, l’enquête indépendante diligentée par Richard McLaren démontre qu’entre le 10 septembre et le 10 décembre 2014, soit dans la période précédant les Jeux, quand sont pratiqués les contrôles ciblés, les échantillons stockés dans le laboratoire de Moscou ont été échangés.

« Système d’escamotage » instauré dès 2011

Selon le rapport, le ministre des sports Vitaly Moutko contrôlait ces opérations avec l’assistance des services secrets russes. Ce « système d’escamotage des échantillons positifs » aurait été instaurée dès 2011 par la Russie et aurait duré jusqu’en août 2015, au bénéfice d’athlètes russes de nombreux sports olympiques d’été et d’hiver lors de compétitions internationales organisées en Russie.

En ce qui concerne l’athlétisme, des échantillons issus des contrôles antidopage des Mondiaux d’athlétisme de 2013 à Moscou ont eux aussi été échangés, avant que la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) ne les récupère pour les analyser. « A la fin des Mondiaux de Moscou, le laboratoire (de Moscou) a mis de côté des échantillons positifs qui devaient être échangés, puis a enlevé les bouchons (de ces échantillons) et a remplacé l’urine  sale avant que les échantillons  propres ne soient envoyés à un autre laboratoire, sur instruction de l’IAAF », pointe le rapport.

A Sotchi comme aux Mondiaux d’athlétisme de Moscou, la Russie avait terminé en tête du tableau des médailles avec 33 breloques dont 13 en or en 2014 et 17 dont 7 en or un an plus tôt.

« Il est stupide de même imaginer que notre Etat, qui a injecté des milliards dans le sport, ait pu couvrir quoi que ce soit. A quoi cela servirait ? Aujourd’hui tu peux cacher quelque chose, mais les échantillons restent pendant dix ans et on finira bien par t’attraper. Ca n’a aucun sens », a réagi le ministre des sports russe, Vitali Moutko.

La publication du rapport McLaren devrait aporter de l’eau au moulin de ceux qui réclament une exclusion pure et simple de la Russie des Jeux de Rio. Une lettre circule ainsi depuis ce week-end, émise par les agences antidopage américaine et canadienne, pour demander l’exclusion de tous les sportifs russes. Et pas seulement des athlètes, déjà suspendus par la Fédération internationale d’athlétisme et en attente du verdict du Tribunal arbitral du sport de Lausanne, qui devrait se prononcer jeudi, à la suite de leur appel.