Boris Johnson le 18 juillet à Bruxelles, arrivant à son premier conseil des ministres européens. | FRANCOIS LENOIR / REUTERS

Mauvais présage ? L’avion officiel qui emmenait Boris Johnson à Bruxelles, dimanche 17 juillet, a dû procéder à un atterrissage d’urgence à Luton. « Problème technique. » Le nouveau ministre britannique des affaires étrangères a toutefois pu rejoindre dans les temps la capitale de l’Union européenne (UE) honnie et y participer, dans la soirée, à une rencontre discrète avec la haute représentante de l’Union pour la politique extérieure, Federica Mogherini. Un dîner prévu initialement avait été annulé en raison, notamment, de l’attentat de Nice.

La discussion fut, paraît-il, paisible, « constructive et cordiale ». Un premier pas intéressant pour l’un des principaux protagonistes du Brexit, qui avait comparé l’UE à Adolf Hitler et devait participer, lundi, à son premier conseil des ministres européens…

Eviter tout incident

Dotée d’un sens plus aigu de la diplomatie, Mme Mogherini voulait officiellement faire connaissance avec le nouveau venu. Et, plus vraisemblablement, tenter d’éviter tout incident entre l’ex-maire conservateur de Londres, qui fut aussi le correspondant du Daily Telegraph à Bruxelles, et certains de ses collègues. L’ancien ministre suédois des affaires étrangères Carl Bildt, à l’annonce de la nomination de M. Johnson, avait tweeté : « J’aurais souhaité que ce soit une blague, mais je crains que cela n’en soit pas une. »

L’Allemand Frank-Walter Steinmeier avait dénoncé ceux qui, une fois le Brexit décidé, avaient « déguerpi pour aller jouer au cricket ». Une allusion à l’abandon rapide de M. Johnson dans la course au 10, Downing Street. Le Français Jean-Marc Ayrault avait, lui, montré du doigt un homme « qui a beaucoup menti et se retrouve le dos au mur ». M. Ayrault a toutefois été pardonné par le Britannique à la suite de la « charmante lettre » (dixit M. Johnson) qu’il lui a adressée après sa nomination.

Et Hitler dans tout cela ? Une journaliste du Times de Londres a demandé au ministre français des affaires étrangères si M. Johnson s’était excusé pour sa comparaison plus que malencontreuse. « Je ne me suis pas senti concerné, l’Europe est née après la seconde guerre mondiale et tout le monde sait ce qu’elle représente », a éludé M. Ayrault.