Des soldats israéliens contrôlent les véhicules des Palestiniens passant de Hébron à Yatta, en Cisjordanie, à l’occasion de l’Aid el-Fitr, le 6 juillet. | HAZEM BADER / AFP

Le gouvernement israélien a présenté ses condoléances et offert son aide à la France après l’attentat de Nice. Mais le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, n’a pu s’empêcher de dresser un parallèle entre cet acte et les attaques commises régulièrement par les Palestiniens contre des soldats ou des civils israéliens. « Le terrorisme est le terrorisme, qu’il soit en France ou en Israël, et il faut une approche unifiée dans la condamnation et la guerre contre le terrorisme, ici et partout ailleurs », a-t-il déclaré, rejetant ainsi, une fois de plus, tout débat sur les coûts moral et humain de l’occupation en Cisjordanie, qui atteindra le demi-siècle en 2017.

Derrière ce parallèle politiquement commode, se dessine une certaine surprise chez les professionnels israéliens de la sécurité. Ceux-ci ont découvert avec stupéfaction qu’à Nice, le camion avait pu avancer le long de la promenade des Anglais lors d’une soirée de rassemblement populaire. Dans l’Etat hébreu, les grands événements de nature similaire font l’objet d’un dispositif spécial, explique au Monde un officiel militaire. « Pour des rendez-vous comme le jour de l’Indépendance, il y a des zones entièrement fermées aux véhicules dans le centre, que ce soit à Tel-Aviv ou à Jérusalem, précise-t-il. Ceux qui sont restés garés sont évacués. »

Initiatives individuelles

Reste bien sûr la gestion du quotidien, dans un pays où la population, y compris les colons en Cisjordanie, aime utiliser les transports publics et faire de l’auto-stop. De nombreuses mesures ont été prises pour essayer de sécuriser les lieux exposés à des attaques de cette nature. Des blocs de ciment ou des piliers en métal ont été posés pour protéger les usagers aux arrêts de bus, en particulier à Jérusalem. Des consignes ont été passées aux soldats, principales cibles des attaques à la voiture bélier en Cisjordanie, afin qu’ils ne s’exposent pas en bord de routes et restent à couvert.

L’Etat hébreu a souvent été confronté à l’utilisation de véhicules dans les attaques, notamment de voitures bélier, mais aussi de tracteur (2014) et de bulldozer (2008). La voiture classique, familiale, reste la plus employée. Ce fut le cas par exemple à l’automne 2014, puis à nouveau à compter du 1er octobre 2015, début d’une escalade de violences. Depuis cette date, selon le Shin Beth, le service de sécurité intérieure, il y a eu plus de 300 attaques et tentatives d’attaques palestiniennes, dont 180 au couteau, plus de 90 par balles et 30 par l’usage de voiture bélier. Exemple récent : le 6 juillet, une voiture a foncé dans un véhicule militaire à l’entrée de la colonie de Neve Daniel, près de Bethléem, en Cisjordanie. Trois soldats ont été blessés.

34 Israéliens et plus de 210 Palestiniens ont été tués en neuf mois. Au total, le nombre d’attaques contre des Israéliens en Cisjordanie ou à l’intérieur du pays a été en nette diminution au fil des mois. Mais la situation demeure très volatile. Malgré des moyens humains et technologiques considérables, préventifs et répressifs, il est impossible d’empêcher des initiatives individuelles, décidées par de jeunes Palestiniens souvent sans antécédents.