Selon l’UNEF, 60 universités pratiquent une sélection illégale en licence. | UNIVERSITE LYON 3

L’UNEF en a fait son cheval de bataille : il s’oppose à toute sélection à l’université. Dans l’édition 2016 de l’enquête annuelle du syndicat étudiant, publiée mardi 19 juillet, l’UNEF épingle soixante universités qui, selon elle, contreviennent au droit de tout bachelier d’accéder au premier cycle universitaire sans sélection. Ainsi 336 formations de licence seraient concernées. Des chiffres stables par rapport à l’enquête précédente.

C’est un fait, les universités créent depuis plusieurs années des cursus sélectifs très attractifs, souvent considérés comme des « filières d’excellence ». Une stratégie leur permettant de séduire les meilleurs élèves tentés par les classes prépa et les grandes écoles autorisées, elles, à sélectionner les candidats.

Dans le palmarès de l’UNEF, la prestigieuse Paris-Sorbonne figure en tête, avec trente-trois filières estampillées « sélectives ». Viennent ensuite les universités Paris-Diderot, Paris-Est-Créteil, ou encore Paris-I-Panthéon-Sorbonne. Mais l’université de Nantes, celle de Valenciennes ou encore Savoie-Mont-Blanc sont aussi pointées par l’UNEF.

Nécessité de la sélection

Elles sélectionnent sur dossier, sur entretien, ou exigent des prérequis à l’entrée de certaines formations. Le syndicat dénonce une « université à deux vitesses », ces parcours bénéficiant « d’un taux d’encadrement et d’un nombre d’heures de cours élevés par rapport aux autres filières ». Il appelle une nouvelle fois le ministère de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur à sanctionner ces établissements.

Or, le ministère relativise, répondant que ces cursus ne concerneraient qu’à peine 4 % des étudiants entrant en licence. Il justifie la nécessité de cette sélection dans certains cas : les parcours internationaux, par exemple, qui supposent un partenariat avec un autre établissement étranger. Tandis qu’en double licence, la vérification des capacités des candidats à suivre deux licences en même temps ne serait pas de trop pour assurer la réussite.

« Ces parcours renforcés sont aussi une manière d’attirer les meilleurs étudiants », reconnaît François Germinet, président de l’Université de Cergy-Pontoise, dixième dans le classement de l’UNEF. « Et cela ne se fait absolument pas sur le dos des filières générales », assure-t-il.

Tirage au sort

Le syndicat s’attaque également à une forme de sélection qu’il qualifie d’« aberrante » au sein même des filières classiques de l’université. Dans son viseur : le tirage au sort effectué à l’entrée des licences dites « en tension », là où le nombre de candidats est supérieur au nombre de places.

Le syndicat comptabilise trente-sept universités qui limiteraient les inscriptions dans au moins une de leurs licences, ainsi que trente-deux formations pratiquant du tirage au sort. « Entre l’augmentation du nombre de demandes d’inscription et la pénurie budgétaire, l’équation est impossible à résoudre », alerte le syndicat. A la prochaine rentrée universitaire, les universités vont devoir accueillir 22 000 étudiants supplémentaires. Or, « de nombreux bacheliers n’ont pas pu s’inscrire dans la filière universitaire de leur choix », rapporte l’UNEF.

Une licence est particulièrement touchée : en sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS), le tirage au sort a éliminé quelque 7 000 candidats qui l’avaient pourtant demandé en premier vœu sur le portail Admission post-bac (APB). Si le ministère concède un « point noir », il réfute tout malthusianisme à l’université : le nombre de places ouvertes étant passé en STAPS de 16 000 à 20 000 en un an.

D’autres filières ont été concernées, souligne l’UNEF, citant le cas de Killian, bachelier littéraire francilien refusé en psychologie, son premier vœu sur APB. Le jeune homme a en revanche été admis dans son dernier vœu, la licence de lettres. Mais « cela ne correspond pas du tout à ce que je veux faire », regrette-t-il. Killian risque fort de ne pas être le seul dans cette situation.