Capture d’écran d’un interview téléphonique de l’« avocat » par la chaîne BFM-TV.

Il a été le premier à décrire le profil du tueur de Nice. Corentin Delobel, avocat du barreau de Nice, qui s’était présenté comme l’avocat de Mohamed Lahouaiej Bouhlel, ne l’a en fait jamais été. L’histoire du commis d’office dans une affaire de violence impliquant le terroriste est un mensonge, selon Jacques Randon, bâtonnier du barreau de Nice, contacté par Le Parisien. Convoqué mercredi matin afin de s’expliquer sur son mensonge, Me Delobel a été admis aux urgences de l’hôpital Pasteur à la suite d’une tentative de suicide, d’après Nice-Matin.

Dès vendredi soir, au lendemain de l’attentat qui a tué 84 personnes et blessé 300 autres à Nice le 14 juillet, son visage et son nom s’étalaient dans les publications nationales. Il s’était présenté comme l’ancien avocat du tueur abattu au volant du camion et affirmait avoir été saisi dans le cadre d’une affaire de violence. Lors d’un passage en direct sur BFM-TV depuis la promenade des Anglais, Me Delobel racontait alors que l’homme qu’il avait défendu à l’époque n’était encore qu’un « délinquant lambda », sans « aucun discours, aucune attitude laissant à soupçonner qu’il aurait une quelconque radicalisation ou qu’il était dans une dogmatique islamiste propice à commettre des attentats ».

Une « confusion » persistante

L’affaire en question remonte au mois de mars et s’est déroulée à Nice. Mohamed Lahouaiej Bouhlel, alors chauffeur livreur, avait frappé à la tête un automobiliste à l’aide d’un morceau de palette en bois au cours d’une altercation. Présenté devant le parquet, il avait été alors condamné pour violences à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Nice. Rien, donc, en rapport avec les actes qu’il commettra cinq mois plus tard le soir de la fête nationale.

Alors pourquoi Me Delobel s’est-il présenté comme son avocat si ce n’était pas le cas ? Lors d’un appel au bâtonnier de Nice samedi après-midi, l’avocat explique qu’il a tout simplement confondu avec un homonyme du tueur. Pourtant, le mensonge continue puisque, dès le lendemain, il accorde d’autres interviews sous le même profil. Présenté comme « fragile » par ses collègues, selon Le Figaro, un « cas à part », l’avocat reste un mystère, autant que ses motivations. Son nom apparaît quelques fois dans des affaires sur lesquelles il a travaillé, relayées dans quelques quotidiens de la région de Nice.

Avant que l’avocat soit admis aux urgences ce matin, Me Randon évoquait d’éventuelles poursuites disciplinaires.