Une seule voiture de police municipale barrait la promenade des Anglais à l’endroit où elle devenait piétonne le 14 juillet au moment où est arrivé le camion conduit par Mohamed Lahouaiej Bouhlel, affirme le quotidien Libération jeudi 21 juillet, au terme d’une enquête fouillée.

Une vive polémique oppose depuis l’attentat qui a fait 84 morts la municipalité Les Républicains de Christian Estrosi (1er adjoint et président de la métropole) au gouvernement sur le dispositif de sécurité mis en place le soir de l’attentat.

Selon Libération, qui s’appuie sur « une source policière qui a pu visionner les images de la vidéosurveillance » mais aussi sur des photos prises quelques instants avant l’attaque, « un seul véhicule de police, celui des agents municipaux, se trouvait au milieu de la chaussée, côté mer », à l’endroit où l’artère devenait piétonne en ce soir de fête peu avant que le camion arrive. Aucun membre de la police nationale n’est alors présent. « Et pour cause, ceux-ci ont été relevés aux alentours de 20 h 30 par leurs collègues municipaux. Il n’y a donc aucune voiture de police nationale susceptible de barrer la chaussée », poursuit le quotidien.

« La mission était confiée à des équipages de la police nationale », assurait la préfecture

Ces révélations rentrent en complète contradiction avec la communication développée par le gouvernement au lendemain de l’attentat. « La police nationale était présente et très présente sur la promenade des Anglais », avait ainsi affirmé le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, samedi 16 juillet, allant jusqu’à assurer que « des véhicules de police rendaient impossible le franchissement de la promenade des Anglais ».

« La mission périmétrique était confiée pour les points les plus sensibles à des équipages de la police nationale, renforcés d’équipages de la police municipale. C’était le cas notamment du point d’entrée du camion, avec une interdiction d’accès matérialisée par le positionnement de véhicules bloquant l’accès à la chaussée », avait de son côté expliqué la préfecture des Alpes-Maritimes deux jours après l’attentat, ajoutant que « le camion [avait] forcé le passage en montant sur le trottoir ».

Mercredi, le premier ministre Manuel Valls a affirmé lors des questions au gouvernement à l’Assemblée que le dispositif de sécurité avait été « concerté, consenti et validé » par la mairie. « Un arrêté du 11 juillet signé par le directeur général adjoint de la ville (...) réglementait la circulation sur la promenade des Anglais et ses abords, car c’est une responsabilité du maire, de la police municipale », a aussi assuré M. Valls devant les députés.

« Nouveau mensonge », lui ont répondu dans la foulée Christian Estrosi et Philippe Pradal, qui lui a succédé comme maire de Nice. « Les réunions dont le premier ministre s’est fait l’écho sont des réunions préparatoires où la préfecture, qui pilote le dispositif de sécurité, réunit l’ensemble des services impliqués (...) et leur donne ses directives », ont affirmé les deux hommes dans un communiqué.