François Hollande, président de la République, accueille Theresa May, nouvelle première ministre de Grande-Bretagne au palais de l'Elysée, jeudi 21 juillet 2016 - 2016©Jean-Claude Coutausse / french-politics pour Le Monde | Jean-Claude Coutausse

Le discours est résolument plus apaisé que les premiers jours ayant suivi le référendum en faveur du « Brexit » – la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE). François Hollande s’est dit jeudi 21 juillet au soir d’accord pour laisser la première ministre britannique, Theresa May, « préparer » la négociation de sortie du Royaume-Uni de l’UE, tout en réaffirmant que « le plus tôt sera le mieux » pour déclencher l’article 50 du traité de Lisbonne, qui enclenche les deux années de négociations de sortie de l’Union.

« Le Royaume-Uni a décidé de sortir de l’Union européenne. C’est son choix, c’est sa responsabilité, et nous respectons cette décision. Nous voulons qu’elle puisse se traduire dans les meilleurs délais, de façon à ce qu’une négociation puisse s’ouvrir (...) Il ne peut pas y avoir de discussion, de prénégociation avant la négociation. Mais il peut y avoir la préparation de cette négociation. Mais je le répète le plus tôt sera le mieux, dans l’intérêt commun, de l’Europe, du Royaume-Uni, de nos économies respectives », a-t-il déclaré lors d’un point-presse commun avec la première ministre à l’Elysée.

Se distinguant de l’Allemagne, François Hollande avait réclamé jeudi midi, lors d’un déplacement à Dublin, que le Royaume-Uni notifie « le plus rapidement possible » son intention de se retirer de l’UE.

Merkel d’accord pour la fin de l’année

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Mais mercredi, Angela Merkel avait laissé entendre le contraire. A l’issue d’une rencontre avec Theresa May, la chancelière s’était montrée compréhensive sur un calendrier ne débutant pas avant la fin de l’année. « Il est dans l’intérêt de tous que la Grande-Bretagne demande cette sortie quand elle aura une position de négociation bien définie », a-t-elle dit. « Une bonne préparation est importante et donc, nous aussi, nous allons attendre le moment » où Londres se décidera à formuler sa demande, à la suite du référendum du 23 juin au cours duquel les Britanniques ont voté pour quitter l’UE, avait insisté Angela Merkel.

Le président français avait assuré jeudi midi à Dublin partager avec la chancelière allemande « la même approche ». Jeudi soir, il a utilisé le même terme de « préparation ». Le chef de l’Etat, qui s’est entretenu pendant une heure avec la nouvelle cheffe du gouvernement britannique, a par ailleurs souligné que Londres devait choisir entre « rester dans le marché intérieur et assumer la libre-circulation ou avoir un autre statut », soulignant que ce serait « le point le plus crucial » de la négociation à venir.

« Il ne peut y avoir libre circulation des biens, des capitaux des services, s’il n’y a pas celle des personnes » a insisté le président de la République. Mme May a au contraire assuré sur ce sujet que le « message donné par le peuple britannique » en votant pour le Brexit était « très clair » :

« Nous devons introduire certains contrôles à la liberté de circulation des citoyens européens vers le Royaume-Uni. »

Le Royaume-Uni va tenir ses promesses

« Le gouvernement britannique doit tenir ses promesses et va tenir ses promesses sur ce sujet », a assuré celle qui a succédé à David Cameron mercredi 13 juillet. Elle a souligné avoir eu des discussions « aussi constructives que possible » avec M. Hollande.

Le chef de l’Etat a « remercié » la locataire du 10, Downing Street pour son « message de solidarité » suite à l’attentat à Nice, qui a fait 84 morts. Il a insisté sur le rôle particulier du couple franco-britannique en matière de défense et de diplomatie :

« nous avons ce même devoir, assurer notre propre sécurité mais également la sécurité de l’Europe, et porter des valeurs à l’échelle du monde. »

« Il y a également une coopération de défense qui s’est renforcée ces dernières années et qui porte sur l’essentiel, la dissuasion nucléaire. Il y a quelques jours [lundi], un débat à la Chambre des communes a de nouveau confirmé l’engagement du Royaume-Uni pour la dissuasion nucléaire, ce qui entraînera des rapports nouveaux pour nos deux pays », a souligné le président français.

A quoi pense Theresa May, la première ministre britannique ?
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