LOU RIHN

Cette semaine, « Le Monde des livres » découvre un porte-drapeau de la bande dessinée flamande aussi sombre que drôle, des potes scientifiques épris de Bretagne qui inventent la bombe atomique par mégarde. Mais aussi un chat bizarre et un détective en nuisette rose.

BD. « Les Années de l’éléphant », de Willy Linthout

Presque Lune

Un homme lit son journal dans le salon de son appartement pendant que sa femme passe l’aspirateur. Il n’entend pas, ou ne fait pas attention, au bruit assourdi – « pouf ! » – venant de derrière la fenêtre. Son fils unique vient de se donner la mort en sautant du toit de l’immeuble. Totalement inconnu dans l’Hexagone, Willy Linthout, né en 1953, est pourtant l’un des chefs de file de la bande dessinée d’expression flamande en Belgique. Dans cet album qui lui a permis de faire le deuil de son enfant, on rit et sourit bien plus que la gravité du thème ne peut le laisser supposer. Frédéric Potet

Les Années de l’éléphant, de Willy Linthout, Presque Lune, 182 p., 22 €.

ROMAN. « Sorbonne plage », d’Edouard Launet

Stock

Au début du XXsiècle, sur la presqu’île de l’Arcouëst, « longue avancée rocheuse entre Paimpol et l’île de Bréhat », se réunissaient en famille, trois mois par an, une colonie de physiciens, historiens, mathématiciens… Outre leur goût pour « les eaux vertes de la Manche », ces hommes et ces femmes, dont les premiers comptèrent parmi les dreyfusards, partageaient des visées humanistes. Las, ayant « permis l’avènement de la fission nucléaire », qu’ils pensaient pouvoir mettre au service de l’humanité, ils ouvrirent également la voie à Hiroshima. Mais c’était sans compter avec Edouard Launet et son sens pince-sans-rire de la cocasserie des choses. Raphaëlle Leyris

Sorbonne plage, d’Edouard Launet, Stock, 216 p., 18 €.

POLAR. « Un sale hiver », de Sam Millar

Seuil "policiers"

Il est des mains qu’il vaudrait mieux ne pas serrer. Celle, ensanglantée, que découvre Karl Kane devant sa porte, est de celle-là. Le temps de repérer un chat famélique grignotant les restes d’un auriculaire et voilà notre homme, après une douloureuse glissade sur le trottoir, cul par terre, la nuisette rose entrouverte sur son intimité. Troisième opus des aventures de ce privé aux allures de Philip Marlowe, héros cabossé et mélancolique, dont l’Irlandais Sam Millar, écrivain et ex-membre de l’IRA, dépeint depuis 2008 les tourments et les tiraillements. Christine Rousseau

Un sale hiver, de Sam Millar, traduit de l’anglais (Irlande) par Patrick Raynal, Seuil « Policiers », 288 p., 21,50 €.