Le site de R&D d’Intel à Toulouse. | REMY GABALDA / AFP

L’annonce a fait l’effet d’une bombe. Mi-avril, le groupe informatique américain avait annoncé un vaste plan de licenciement, prévoyant la suppression de 11 % de ses effectifs au niveau mondial, soit 12 000 emplois. Pour les salariés français, la pilule est particulièrement difficile à avaler : 80 % des effectifs tricolores devraient disparaître, soit près de 750 emplois.

Une situation que les employés du groupe, sous le choc, critiquent vivement aujourd’hui. Dans un communiqué diffusé vendredi 22 juillet, les employés français de la firme américaine dénoncent « une politique de désengagement de la part du géant des puces informatiques sur le territoire national » et demandent des « explications et un soutien des politiques ».

Face aux mauvaises performances du groupe informatique, dont les résultats dévoilés mercredi 20 juillet faisaient état d’un recul de 51 % de son bénéfice net au deuxième trimestre, les salariés des sites de R&D implantés en France payent un lourd tribut. Principales victimes de ce plan d’austérité : les sites du sud de la France, à Sophia Antipolis (Alpes-Maritime), Toulouse et Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).

Prêts aux efforts nécessaires

Une situation qui indigne Mustapha Aqachmar, délégué syndical CFE-CGC :

« En France, nous avons la crème de la crème des ingénieurs. Grâce aux subventions de l’Etat et [au] crédit impôt recherche, nos ingénieurs ont le coût salarial le plus faible de tout l’Occident. Intel se cache derrière un discours et un dispositif rôdés. Les chiffres et l’incohérence des justifications stratégiques sont là. Nous savons déjà qu’Intel transfère la R&D et ses savoir-faire français à l’étranger. »

Inquiets de ces coupes massives dans les effectifs, les salariés se disent aujourd’hui prêts à faire les efforts nécessaires pour conserver leurs emplois et à « identifier toute solution pour assurer la continuité des activités de R&D ».

« Nous sommes prêts à envisager toute mesure permettant de conserver des emplois même à des coûts inférieurs par l’utilisation des accords de compétitivité qui seront mis en place par le gouvernement, quitte à les anticiper », précise Arnaud Lenoir, représentant CE d’Intel Corp, qui appelle par ailleurs les pouvoirs publics à se mobiliser.

Jeudi matin, la ministre du travail, Myriam El Khomri, s’était notamment entretenue de la situation de l’emploi et des salariés d’Intel avec le sénateur PS des Alpes-Maritimes, Marc Daunis.