L’ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic a interjeté appel vendredi 22 juillet de sa condamnation à quarante ans de détention pour génocide, accusant les juges d’avoir mené un « procès politique ».

Dans des documents transmis à l’Agence France-Presse, Radovan Karadzic cite 50 motifs d’appel devant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Il assure avoir été victime « d’un procès politique mis en scène pour confirmer la diabolisation du peuple serbe de Bosnie et de lui-même », a affirmé son avocat, Peter Robinson.

Dans un verdict prononcé le 24 mars, les juges du TPIY avaient reconnu Radovan Karadzic coupable de génocide pour le massacre de près de 8 000 hommes et garçons musulmans à Srebrenica en juillet 1995, le pire massacre à avoir été commis en Europe depuis la seconde guerre mondiale.

M. Karadzic a, par ailleurs, été reconnu coupable de persécutions, meurtres, viols, traitements inhumains ou transferts forcés, notamment pour le siège de Sarajevo, qui dura quarante-quatre mois et tua 10 000 personnes, et pour des camps de détention aux « conditions de vie inhumaines ».

Les juges avaient, cependant, estimé qu’il n’y avait pas de preuves suffisantes pour affirmer en dehors de tout doute raisonnable qu’un génocide avait été commis dans sept autres municipalités de Bosnie.

Procès non équitable selon la défense

Autrefois fugitif le plus recherché du continent, Radovan Karadzic avait échappé à la justice internationale pendant près de treize ans, se cachant sous l’identité d’un spécialiste de médecine alternative, arborant une barbe blanche nourrie. | ? Staff Photographer / Reuters / REUTERS

Radovan Karadzic, qui avait alors annoncé son intention d’interjeter appel, estime que les juges « l’ont présumé coupable et ont construit un jugement pour justifier cette présomption », a affirmé son avocat.

Selon Peter Robinson, le procès n’a pas été équitable, car il a été conduit par des juges « qui ne connaissent rien de la région, de sa culture, de ses langues ou de son histoire, qui se reposent sur des procédures étrangères et conduisent un procès dans une langue étrangère ».

Radovan Karadzic était le plus haut responsable à être jugé par le tribunal pour des crimes commis pendant cette guerre, après la mort en 2006 de l’ancien président serbe Slobodan Milosevic au cours de son procès.

De son côté, le procureur a également déposé les documents pour son appel annoncé après le jugement. Après avoir demandé une condamnation à vie, Serge Brammertz estime que quarante années de détention ne sont pas suffisantes.

Parmi ses quatre motifs d’appel, le procureur rejette l’acquittement pour génocide dans les sept municipalités, a-t-il indiqué dans ses documents.

Radovan Karadzic, 71 ans, était le président de l’entité des Serbes de Bosnie, la Republika Srpska. La guerre en Bosnie a fait plus de 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés entre 1992 et 1995.

Autrefois fugitif le plus recherché du continent, Radovan Karadzic avait échappé à la justice internationale pendant près de treize ans, se cachant sous l’identité d’un spécialiste de médecine alternative, arborant une barbe blanche nourrie. Arrêté en 2008, son procès s’est ouvert en 2009 et s’est terminé en 2014, après 497 jours d’audience pendant lesquels 586 témoins ont été entendus.

Radovan Karadzic coupable de génocide, condamné à quarante ans de prison
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