Robert Fico, Bohuslav Sobotka, Beata Szydlo et Victor Orban à Varsovie, le 21 juillet. | JANEK SKARZYNSKI / AFP

Après le référendum britannique sur le Brexit, les pays d’Europe centrale ont l’intention de contribuer activement au débat sur l’avenir de l’Union européenne, sans se laisser dicter leur conduite par Paris, Rome et Berlin. La réunion des chefs de gouvernement du groupe de Visegrad (V4 : Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie), jeudi 21 juillet à Varsovie, avait pour objectif d’adresser aux partenaires européens un message clair : l’UE doit être réformée en profondeur pour donner plus de souveraineté aux Etats.

Le groupe a promis d’élaborer une proposition commune en vue du sommet du 16 septembre à Bratislava, censé redonner un nouveau souffle à la construction européenne. La réunion de Varsovie en a esquissé les grandes orientations. Les Quatre se prononcent pour un rôle accru des parlements nationaux, qui devront être « les décideurs en dernier ressort » dans le processus législatif européen. Ils souhaitent également renforcer le poids du Conseil européen, représentant les Etats, au détriment de la Commission européenne.

« Les défis actuels montrent que l’UE institutionnelle telle qu’elle a été construite jusqu’à présent ne répond pas aux attentes des citoyens européens, a martelé la chef du gouvernement polonais, Beata Szydlo. La Commission n’a pas tiré toutes les conséquences du référendum britannique. » L’exécutif européen a même été jugé directement responsable du Brexit par le premier ministre hongrois, Victor Orban, car il aurait pris « la pire décision qui soit en matière d’immigration ».

La politique migratoire européenne est dans le collimateur du groupe. Selon M. Orban, le lien entre la menace terroriste et la pression migratoire est une « évidence ». Pour les dirigeants du V4, l’UE post-Brexit devra donc se concentrer d’abord sur les questions sécuritaires : renforcement des frontières extérieures, lutte contre l’immigration clandestine et la menace terroriste. La création d’une armée européenne commune a également été évoquée.

Alliés des conservateurs britanniques

La seconde priorité devrait être le parachèvement du marché commun, avec le renforcement des « quatre libertés » – de circulation des marchandises, des services, des personnes et des capitaux. Le groupe s’est prononcé pour « la plus grande proximité possible » du Royaume-Uni avec le marché commun, « en accord avec le principe de réciprocité ». Les membres du groupe de Visegrad, en particulier la Pologne, considèrent les conservateurs britanniques comme des alliés contre une Europe plus fédérale, même si les limitations à la libre circulation de personnes que demande Londres visent singulièrement les Polonais.

« Une des pires conséquences que les Etats membres peuvent tirer du Brexit serait la division de l’UE en petits clubs », a souligné Mme Szydlo. Les Quatre voient ainsi d’un très mauvais œil tout projet de renforcement du « noyau dur » européen autour de la zone euro, entreprise qui pourrait « porter atteinte à la cohésion » de l’Europe. Mais la Slovaquie, seul membre de la zone euro du groupe, y est nettement moins hostile.

Unis sur le rejet de la politique migratoire européenne, les pays du V4 restent divisés, sur l’euro, la révision des traités européens souhaités par les Polonais et, bien sûr, l’attitude à l’égard de la Russie.