Hillary Clinton est une centriste de conviction. Elle va devoir convaincre un parti déporté sur la gauche, comme en a attesté le mouvement qui a entretenu les espoirs de Bernie Sanders. | GASTON DE CARDENAS / AFP

Une semaine après celle des républicains, la convention d’investiture démocrate va se tenir du lundi 25 au vendredi 29 juillet à Philadelphie (Pennsylvanie). Comme pour le Grand Old Party, cette grand-messe est conçue pour diffuser une image d’unité après la primaire disputée qui a mis aux prises la favorite Hillary Clinton, ancienne First lady (1993-2001) et ancienne secrétaire d’Etat (2009-2013) et l’inattendu sénateur indépendant du Vermont, Bernie Sanders.

Pour Mme Clinton, cette convention doit permettre d’atteindre au moins trois objectifs.

Réparer une image abîmée

La candidate devra tenter tout d’abord de réparer une image abîmée par des polémiques lancinantes comme celle liée à l’usage d’un serveur et d’une messagerie privée pendant son passage à la tête de la diplomatie américaine. Ces polémiques ont fragilisé la future candidate dans l’opinion publique et attisé la haine du camp républicain qui n’a cessé de lui promettre la prison lors de la convention de Cleveland (Ohio).

Contrairement à ce qui s’est passé pour le camp républicain, l’investiture de Mme Clinton ne sera pas contestée à Philadelphie. L’ensemble de la famille démocrate fera d’ailleurs le voyage alors qu’une bonne partie des figures républicaines a ostensiblement boudé la convention républicaine de Cleveland pour témoigner de son inconfort face aux discours et aux postures de M. Trump.

Convaincre un parti déporté à gauche

L’ancienne sénatrice de l’Etat de New York est une centriste de conviction. Elle va devoir convaincre un parti déporté sur la gauche, comme en a attesté le mouvement qui a entretenu les espoirs de M. Sanders, qu’elle peut être également un facteur de changement et non la représentante d’une élite coupée des réalités, attachée à un gradualisme jugé peu mobilisateur.

Le choix, vendredi 22 juillet, comme colistier d’un autre centriste, le sénateur de Virginie Tim Kaine, a agacé l’aile gauche démocrate, qui reproche notamment à ce dernier son soutien aux traités de libre-échange jugés mortifères pour les emplois américains.

Mme Clinton est certes la première femme à pouvoir espérer occuper le Bureau ovale de la Maison Blanche. Mais elle succéderait à distance à son mari Bill Clinton, entretenant une image dynastique alors que les courses aux investitures ont mis en avant un profond désir de renouvellement.

Trouver le ton face à M. Trump

À Philadelphie, Mme Clinton va devoir enfin trouver le ton juste face à son adversaire républicain, Donald Trump. Les attaques incendiaires de celui qui ne la désigne plus que sous le qualificatif de « Hillary la malhonnête » obligent l’équipe de campagne de la démocrate à riposter, au risque de s’aventurer sur un terrain où le magnat de l’immobilier ne connaît aucune limite.

Lors de son discours d’acceptation de l’investiture républicaine, M. Trump a cependant ouvert des perspectives à son adversaire démocrate. En insistant lourdement sur la situation catastrophique dans laquelle se trouveraient les États-Unis, en jouant sur les peurs et en se présentant comme l’unique recours possible, le milliardaire a abandonné à son adversaire la carte de l’optimisme et de l’apaisement.