Kylian Mbappé, poursuivit par Marcus Thuram, après après avoir inscrit le troisième but de l’équipe de France, son deuxième personnel, face au Portugal, en demi-finale de l’Euro des moins de 19 ans remportée par la France 3-1, à Mannheim, en Allemagne, le 21 juillet 2016. (Uwe Anspach/dpa via AP) | A3796/_Uwe Anspach / AP

Les Portugais ne comprennent pas. Habituellement, quand un joueur saute, réalise un demi-tour dans les airs, atterrit bras et jambes écartés, le tout en hurlant sa rage et en leur exposant son nom et son numéro, c’est Ronaldo, et il vient de marquer.

Là, ils viennent de prendre un but et celui qui vient de le planter est très loin d’avoir remporté quatre ballons d’or. C’est un gamin, ni plus ni moins. Du haut de ses 17 ans, Kylian Mbappé vient de permettre à l’équipe de France des moins de 19 ans de prendre l’avantage face au Portugal. Et pour fêter ses buts, le jeune monégasque imite la célébration de Cristiano Ronaldo. Les plus rancuniers apprécieront la référence à la finale de l’Euro 2016, perdue par les Bleus face à des Portugais amputés de leur « CR7 », les plus fair-play se contenteront d’exprimer leur joie de voir les Bleuets virer en tête à vingt-cinq minutes de la fin de cette demi-finale de l’Euro 2016.

Déjà auteur de la passe décisive pour l’égalisation de Ludovic Blas à la 10e minute, Kylian Mbappé frappera encore, mais de la tête cette fois. La France s’impose 3-1 contre le Portugal et file en finale affronter l’Italie. Mbappé est l’homme du match et c’est tout, sauf une surprise.

Le Monde l’avait suivi, lui est ses camarades de la promotion 98 de Clairefontaine, entre 2011 et 2013. A 13 ans, Kylian Mbappé était déjà courtisé par le PSG, le Real Madrid ou le Bayern Munich. Mais c’est finalement à l’AS Monaco que « Mbébé » – comme il était surnommé à Clairefontaine – ira faire ses dents. Et de quelle manière. Dès décembre 2015, Kylian intègre le groupe pro. Quatre mois plus tard, il signe un contrat qui le lie au club du Rocher jusqu’en 2019.

Mbappé va vite, très vite, trop vite même pour la défense troyenne ce soir du 20 février. A 17 ans et soixante-deux jours, le gamin devient le plus jeune buteur de l’histoire de l’ASM, juste devant Thierry Henry. Mais il garde les pieds sur terre : « Thierry Henry a marqué l’histoire de son empreinte. Moi, je n’ai mis qu’un but, je n’ai encore rien fait. Donc je ne pense pas que ce soit le bon moment pour me comparer. De toute façon, chacun écrit sa propre histoire. Lui l’a bien écrite. J’espère le faire moi aussi. » De l’humilité et un brin d’ambition, quand même.

Mbappé n’a pas fini sa course. Au contraire. Inévitablement comparé à Thierry Henry après son but précoce, le désormais finaliste de l’Euro a déjà un titre à son actif. En finale de la Gamberdella (Coupe de France des moins de 19 ans), le 21 mai, il est contribue largement à la victoire de son équipe sur le RC Lens grâce à son doublé. Deux semaines plus tard, il bénéficie de l’absence d’Ousmane Dembélé (l’ancien Rennais retenu par son nouveau club : le Borussia Dortmund) pour se glisser dans la liste des 18 joueurs qui iront à l’Euro en Allemagne.

« Tout peut aller très vite »

Après la défaite contre l’Angleterre dès leur premier match de poule, les Bleuets battent la Croatie (2-0) et Mbappé inscrit un but splendide. Lancé par Issa Diop, le Monégasque réalise un contrôle orienté de la semelle en pleine course, avant d’éliminer le gardien adverse et de marquer dans le but vide. Face aux Pays-Bas, les jeunes pousses de Ludovic Batelli doivent gagner absolument gagner pour se qualifier et valider leur billet pour la Coupe du Monde des moins de 20 ans qui se déroulera du 20 mai au 11 juin 2017, en Corée du Sud.

Mission accomplie avec brio puisque les jeunes Français explosent les Hollandais (5-1). L’attaquant parisien Jean-Kévin Augustin inscrit un triplé. Les deux autres buts sont l’œuvre de Kylian Mbappé. Après la demi-finale contre le Portugal, « Chicots d’or » – comme l’appelaient ses camarades de Clairefontaine – rejoint son compère d’attaque en tête du classement des buteurs. Toujours pas de quoi lui faire décoller les pieds du sol : « C’est allé vite mais honnêtement, j’étais préparé à cela. Mon père est éducateur de football. Il m’a toujours aidé à prendre les bonnes décisions, à garder les pieds sur terre et à relativiser, explique Mbappé sur le site de la FFF, vendredi. Aujourd’hui, tout me sourit mais je sais qu’en football, tout peut aller très vite », conclut-il.

Ce soir, à 20 h 30, face à l’Italie, Kylian et sa bande pourraient imiter celle de Griezmann ou de Lloris, respectivement championne d’Europe dans cette catégorie en 2010 et 2005. Après le Portugal, ils signeraient ainsi une autre « vengeance » aux yeux des amateurs de football. En 2006, en finale de Coupe du Monde, l’Italie battait la France d’un Zidane explusé après son coup de tête sur Marco Materazzi.