Le rassemblement de soutien à la démocratie se tiendra place Taksim à Istanbul. | OSMAN ORSAL / REUTERS

Huit jours après une tentative de putsch en Turquie, un rassemblement de soutien à la démocratie doit se tenir dimanche 24 juillet sur la place Taksim d’Istanbul. L’appel a été lancé par le parti républicain du peuple (CHP), la principale formation d’opposition. Il a été suivi par le parti de la justice et du développement (AKP), le parti conservateur du président Recep Tayyip Erdogan.

Ce rassemblement intervient alors que l’Europe s’inquiète publiquement des purges massives qui ont suivi le coup d’Etat manqué. La cheffe de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Federica Mogherini, et le commissaire européen à l’élargissement, Johannes Hahn, se sont exprimés jeudi soir pour rappeler que l’Union européenne appelait les autorités turques « à respecter, en toutes circonstances, l’Etat de droit, les droits de l’homme et les libertés fondamentales, y compris le droit de chacun à un procès équitable ».

Le président turc a répondu aux critiques, lors d’un entretien samedi avec la chaîne française France 24. Ce que disent les responsables européens « ne m’intéresse pas et je ne les écoute pas », a-t-il déclaré.

« Vis-à-vis de la Turquie, ils ont des préjugés et ils vont continuer à agir avec ces préjugés », a précisé le chef de l’Etat. « Cela fait cinquante-trois ans que l’Europe nous fait attendre à la porte », a-t-il ajouté, selon ses propos traduits en français par la chaîne.

Le président turc a fermement rejeté les critiques européennes sur sa réaction au coup d’état manqué. | YASIN BULBUL / AFP

« La souveraineté appartient au peuple »

L’Union européenne a prévenu qu’un rétablissement de la peine de mort, évoqué par Ankara juste après le putsch, mettrait un terme à ses espoirs d’accession au bloc européen. « Si mon peuple, mon pays, demande sans arrêt la peine de mort, si les représentants de mon peuple à l’assemblée disent oui, désolé, je dois respecter cette demande », a répondu M. Erdogan. « Dans les démocraties, la souveraineté appartient au peuple. »

Peu après la diffusion de l’interview, le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a reproché à Ankara de « mettre en prison l’avenir » de la Turquie.

Mais le président turc n’est pas le seul à justifier sa répression. « Venez ici! Venez voir à quel point c’est grave! », a lancé le ministre des Affaires européennes Omer Celik à ceux qui penseraient « que c’est juste un jeu de Pokémon ». A ses yeux, Fethullah Gülen, l’intellectuel turc exilé aux Etats-Unis et accusé par le pouvoir d’être derrière le coup d’état, est « plus dangereux qu’Oussama Ben Laden » et son mouvement « plus sauvage que Daech ».

Avant la manifestation de dimanche, ce sont les partisans du président qui sont redescendus dans les rues samedi soir crier leur haine de Fethullah Gülen.