L’Australienne Chloe Hosking en tête du sprint sur les Champs-Elysées, dimanche 24 juillet, pour la troisième édition de La Course by Le Tour de France. | LIONEL BONAVENTURE / AFP

Juste avant le passage du maillot jaune Christopher Froome, dimanche 24 juillet, sur les Champs-Elysées, à Paris, vingt et une équipes féminines ont participé à la troisième édition de La Course by Le Tour de France. Un circuit de 89 kilomètres censé remédier à l’absence d’un Tour de France à étapes conçu pour elles, comme le rappelle Fanny Riberot, 33 ans, la sprinteuse française de l’équipe Astana, contrainte d’abandonner hier à cause d’une chute.

Que penser de cette course féminine d’un après-midi sur les Champs-Elysées ?

Fanny Riberot : Je trouve que c’est une bonne initiative. Mais j’espère qu’un jour elle se transformera en Tour de France [avec plusieurs étapes, sur le modèle de l’épreuve masculine], c’est ce qu’on souhaite, nous les filles. Déjà parce que ça ferait parler du cyclisme féminin, c’est ce qui nous manque encore. On n’en entend pas trop parler.

Malgré plusieurs tentatives par le passé, comment expliquer l’absence actuelle d’un Tour de France féminin ?

Je ne sais pas, c’est aux organisateurs du Tour qu’il faut poser la question. Ce que j’entends souvent, dans le milieu du vélo, c’est que ce serait très dur pour eux d’organiser un Tour de France féminin et masculin. Mais quand on veut on peut ! Et avec tout l’argent qu’il y a dans le Tour, je pense qu’il n’y aurait pas trop de problèmes financiers.

Vous aviez déjà participé aux deux premières éditions de La Course by Le Tour de France. Quel a été l’accueil du public à Paris ?

Les deux premières années, j’avais fait la course avec le maillot de l’équipe de France. C’était très impressionnant, on avait tout le public avec nous. Il nous applaudissait, nous félicitait à chaque fois. Les gens aiment le cyclisme féminin, c’est juste qu’on ne le montre pas assez. Pour nous encourager, on nous disait « Allez la France, vive la France ! » Parce que les spectateurs ne nous connaissaient pas assez pour nous appeler par notre nom ou notre prénom.

Vous avez roulé hier pour une formation kazakhe. Pourquoi ?

J’ai été pendant sept ans dans une équipe espagnole, puis Astana m’a appelée directement et m’a proposé un beau calendrier, du matériel, donc pourquoi pas ? En France, il n’y a qu’une seule équipe dans le circuit de l’Union cycliste internationale et elle ne m’a pas contactée [l’équipe Poitou-Charentes Futuroscope-86].

Pouvez-vous vivre du cyclisme ?

Je n’ai pas le droit de vous dire le montant de ce que je touche, mais le vélo ne me coûte rien, ce qui est déjà pas mal. Je me marie en septembre, ça paiera une partie du mariage, c’est déjà bien ! Ce qui est sûr, c’est que je suis obligée de travailler à côté du vélo. Et je ne regrette rien.

Fanny Riberot en 2014. | GUILLAUME SOUVANT / AFP

Pauline Ferrand-Prevot a un contrat d’insertion professionnelle qui la libère à 100 % pour le vélo. Moi, je suis libérée à 50 %. Grâce à la Fédération française de cyclisme, je travaille dans une boutique Orange à Aix-les-Bains comme responsable de clientèle du 1er septembre au 1er mars. Et après, Orange me libère pour que je ne fasse que du vélo.

Avez-vous déjà été reçue au Kazakhstan ?

Je m’entraîne toute seule en France, ou bien avec mon équipe lors de stages en Italie. Mais je n’y ai jamais croisé l’équipe masculine. Pour moi, ce sont quand même des exemples. On aimerait avoir le même Tour qu’eux et faire autant de kilomètres. On sait ce que c’est que de souffrir sur un vélo.

Quel modèle aviez-vous enfant ?

Laurent Jalabert [originaire de la même région que Fanny Riberot, née à Agen]. J’ai commencé à l’âge de cinq ans, et à l’époque le cyclisme féminin se résumait à Jeannie Longo. Maintenant, je commence à voir une évolution, et je pense que ça progressera encore plus.