Patrouille à Paris Plages, le 22 juillet. | FRANCOIS GUILLOT / AFP

Pour rejoindre les transats et les guinguettes de Paris Plages depuis le pont au Change, il faut d’abord contourner un camion de CRS et une dizaine de policiers armés. L’entrée se fait entre deux clôtures, où un agent de sécurité fouille scrupuleusement tous les sacs. Bouteilles en verres, gourdes… tout ce qui pourrait servir de projectile est confisqué. Quelques mètres plus loin, les escaliers permettant habituellement l’accès au quai sont barrés par une grille. La prochaine sortie s’effectue au niveau du quai des Tuileries.

Sous le pont des Arts, Nourhene, 6 ans, commente une reproduction de Rubens mise à disposition par le Louvre. Elle a les joues rosées par le soleil et du sable encore collé sur les doigts : « Une belle journée », pour la petite fille qui n’est pas encore partie en vacances. Sa mère, Abla Thelli, regarde de temps en temps derrière elle bien qu’elle se dise rassurée : « Ici, on oublie même tout ça. »

Mercredi 20 juillet, pour la 15année d’affilée, la ville de Paris a ouvert sa plage et ses activités gratuites, une semaine après l’attentat de Nice et alors que le niveau de risque du plan Vigipirate est au plus haut. La Mairie, qui attend plusieurs milliers de visiteurs sur les berges de Seine, à l’hôtel de ville et au bassin de La Villette, a souhaité maintenir la manifestation mais elle a renforcé le dispositif sécuritaire. Contactée, la préfecture de police n’a pas souhaité répondre à nos questions. Fouille systématique à l’entrée des sites, limitation du nombre d’accès, patrouille des forces de l’ordre : « Ça s’est vraiment renforcé depuis l’année dernière », reconnaît Gilles Gaubert, responsable des activités de babyfoot.

« C’est très bien pensé »

En tout cas, le dispositif semble fonctionner. M. Gaubert assure voir autant de monde qu’en 2015 et beaucoup de familles. Entre 800 et 1 200 personnes jouent au babyfoot chaque jour sur la voie Georges-Pompidou et entre 500 et 800 à La Villette. Cannois, M. Gaubert est arrivé à Paris mi-juillet pour ce travail saisonnier et, malgré l’attentat de Nice qu’il a vécu de près, il garde son calme : « Ici, on se sent protégé. C’est très bien pensé », dit-il en montrant du doigt les endroits où militaires et policiers s’arrêtent régulièrement. « On échange souvent avec eux. »

La Ville a organisé plusieurs réunions pour mettre au point le système de sécurité avant le début de Paris Plages et a davantage renforcé les mesures après l’attaque du 14 juillet. Entre autres, des véhicules de la police stationnent à chaque accès pour prévenir l’entrée de voitures ou de camions non autorisés. Certains événements parisiens ont dû être annulés, faute de « garantie de sécurité » : comme la piétonisation des Champs-Elysées ou encore le festival de cinéma de plein air…

« C’est déjà trop », pour Taha Ben Tanfous, 30 ans, venu se détendre. Kenza Fassi Fihri, une Marocaine de 28 ans, l’interrompt : « Il n’y a même pas de portique métallique. » Pourtant, ni l’un ni l’autre ne se sent menacé. Un groupe de cinq policiers vient de passer devant eux et fouille une jeune femme sous le pont Neuf. Au pont des Arts, côté « Louvre à la plage », quatre militaires sont stationnés près des œuvres, que plus personne n’ose approcher.