L’ancien président Bill Clinton, le 25 juillet, lors de la convention démocrate, à Philadelphie (Pennsylvanie). | Sean Simmers / AP

La première fois, c’était en 1976. Il venait d’épouser Hillary Rodham, n’avait pas encore été élu procureur général de l’Arkansas, mais une carrière radieuse lui semblait déjà promise. Quarante ans plus tard, l’ancien président Bill Clinton, 70 ans le mois prochain, s’adressera à nouveau devant une convention d’investiture démocrate, mardi 26 juillet, à Philadelphie (Pennsylvanie).

Il défendra cette fois-ci la candidature de sa femme, après avoir plaidé sa propre candidature en 1992 et en 1996, puis électrisé la convention de Charlotte (Caroline du Nord), alors que Barack Obama semblait en peine d’insuffler l’énergie et l’espérance nécessaires pour mener à bien sa campagne de réélection.

Ces quatre décennies ont pris leur dû sur son enthousiasme et son optimisme, mais c’est moins la fragilité instillée par les années que Bill Clinton va affronter à Philadelphie qu’un héritage politique devenu encombrant.

Le père du traité de libre-échange avec le Canada et le Mexique, jugé mortifère pour l’industrie américaine, n’a pas pu ne pas voir, lundi, les pancartes contre le traité similaire conclu avec des pays riverains du Pacifique brandies dans le Wells Fargo Center par les délégués favorables au sénateur indépendant du Vermont, Bernie Sanders.

Le candidat républicain Donald Trump ne perd d’ailleurs pas une occasion pour mettre en cause la responsabilité de l’ancien président dans la destruction de milliers d’emplois, comme pour raviver le souvenir de ses écarts extraconjugaux.

Echanges musclés avec des militants

Il en va de même avec la politique d’incarcération de masse que Bill Clinton avait promue alors que le crime était au plus haut aux Etats-Unis, au début des années 1990. Cette politique, dont il a reconnu les excès, lui a valu des échanges musclés avec des militants du mouvement Black Lives Matter (les vies noires comptent), lorsqu’il faisait campagne pour sa femme pendant la bataille des primaires.

Vingt ans avant la légalisation des unions gays, M. Clinton avait également attaché son nom, pendant son passage à la Maison Blanche, à une loi, votée à l’instigation de la majorité républicaine de la Chambre des représentants, définissant restrictivement le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme.

Moitié hors normes d’un couple défiant tous les standards, M. Clinton pourrait entrer une nouvelle fois dans l’histoire le 20 janvier 2017 en franchissant le perron de la Maison Blanche dans un rôle sans précédent historique, mais dont son épouse a d’ores et déjà indiqué qu’il serait actif.

Il lui faudra, pour y parvenir, défendre la cause d’une femme qui reste encalminée dans une campagne laborieuse, émaillée de controverses. La dernière en date concerne le traitement de faveur que la direction démocrate lui aurait réservé dans la course à l’investiture.

M. Clinton a préparé pratiquement seul son intervention, selon l’entourage de la candidate. Parce qu’il a incarné ou incarne une bonne partie de ce que l’aile gauche démocrate dénonce, l’ancien président sait qu’il va devoir traverser un champ de mines. Une nouvelle fois en prime time.