Des milliers de jeunes du monde entier, dont une majorité d’Italiens et de Français, sont arrivés en Pologne pour participer aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), qui se tiennent du mardi 26 au dimanche 31 juillet, à Cracovie. Ils ont été accueillis par une armée de volontaires et des familles d’accueil enthousiastes.

En attendant l’arrivée du souverain pontife, mercredi, ils ont profité de leur séjour en visitant la ville, en discutant et en débattant avec les autres participants et en assistant à des concerts. Certains ont même participé à un concours de break dance.

Ce voyage mène inévitablement François sur les traces de Jean Paul II. Avant d’être élu pape, en 1978, Karol Wojtyla fut en effet archevêque de Cracovie. Au soir de son premier jour de visite, le souverain pontife apparaîtra ainsi à la « fenêtre papale » de l’archevêché pour saluer les jeunes massés dans la rue, comme le faisait son prédécesseur polonais. Mais il innovera aussi en prenant, par exemple, le tramway pour se rendre à Blonia, une vaste prairie au centre de la cité, où se déroulera une cérémonie de bienvenue, jeudi.

Samedi, une veillée en présence de François se tiendra à Brzegi, sur un immense pré situé à quinze kilomètres de la ville. Enfin le lendemain, les jeunes assisteront à la messe finale.

En marge de son déplacement aux JMJ, le pape visitera le sanctuaire marial de Czestochowa mais aussi l’ancien camp d’Auschwitz, pour se recueillir en silence sur ce lieu où furent exterminées environ 1,1 million de personnes, dont un million de juifs.

Important dispositif de sécurité

La crainte des attentats pourrait avoir des conséquences sur le nombre de participants aux JMJ. Alors qu’au début de l’année les organisateurs tablaient sur près de deux millions de pèlerins, moins de 400 000 se sont officiellement enregistrés. Leur nombre pourrait toutefois être beaucoup plus important.

Conscient des risques potentiels, Varsovie a mis en place un important dispositif de sécurité et rétabli les contrôles aux frontières. Ainsi 20 000 policiers ont été mobilisés – dont 7 500 seront présents sur la voie publique – ainsi que 800 membres du service de protection du gouvernement et 11 000 gardes-frontières.

Enfin 9 000 pompiers ont été ajoutés à ce dispositif. Ces derniers contrôleront tous les sites industriels, à commencer par l’aéroport de Cracovie-Balice qui verra arriver et partir le souverain pontife, ainsi que les gares et les arrêts de bus par où passeront les pèlerins.

Le gouvernement polonais n’a pas voulu révéler le coût de la sécurité des JMJ, mais une réserve spéciale prévue à cette fin dans le projet de budget 2016, et adoptée en septembre 2015, s’élevait à près de 23 millions d’euros.

Le devoir d’hospitalité des chrétiens

Les JMJ, sorte de « Woodstock » catholique initié par Jean-Paul II, sont cette année placées sous le signe de la miséricorde divine. Ce thème choisi par le pape devrait nécessairement entrer en résonance avec certaines questions délicates, notamment celle des réfugiés.

Si la position de François est sans ambiguïté – il a appelé toutes les paroisses catholiques à accueillir une famille de réfugiés – celle du gouvernement polonais (conservateur) de Beata Szydlo l’est aussi. Invoquant des raisons de sécurité, cette dernière refuse au contraire tout accueil.

Les évêques polonais ont, pour leur part, dû sortir de leur silence. A quatre jours de l’arrivée du souverain pontife, ils ont publié en commun, et avec les autres confessions chrétiennes, un document général, dans lequel ils rappellent le devoir d’hospitalité des chrétiens.

Et, comme pour conjurer l’apparition d’un hiatus entre François et l’Eglise de Pologne, le porte-parole de l’épiscopat, le père Pawel Rytel-Andrianik a publié sur le site du Saint-Siège un texte expliquant la « grande peur » des Polonais face à l’afflux des réfugiés. Il a aussi critiqué « l’absence » de débat et « l’engagement insuffisant des pouvoirs publics et des organisations non gouvernementales » pour répondre à ce défi.

« Les réfugiés ? Le pape en dira quelque chose », a tout de même concédé le nonce apostolique à Varsovie, l’archevêque Celestino Migliore.