L’essentiel sur l’attaque de Saint-Etienne-du-Rouvray

  • Le prêtre auxiliaire de la paroisse Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), Jacques Hamel, est mort égorgé, mardi 26 juillet, lors d’une prise d’otages dans son église.
  • Les deux auteurs de ce meurtre ont été tués par les hommes de la brigade de recherche et d’intervention (BRI) de Rouen.
  • L’organisation Etat islamique a revendiqué l’attaque par son organe de communication Aamaq.
  • La section antiterroriste du parquet de Paris s’est saisie d’une enquête en flagrance confiée à la sous-direction antiterroriste (SDAT) et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

De tension entre les communautés, les habitants de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) ne veulent pas croire qu’elle puisse exister. Dans la vieille ville de cette banlieue industrielle et rouge rouennaise (28 000 habitants), personne n’ose penser que catholiques et musulmans ne pourront plus se côtoyer dans le respect, comme ils en avaient l’habitude. C’est là que, mardi 26 juillet vers 9 h 30, deux hommes ont pris en otages six personnes, assassinant le prêtre avant d’être abattus par les forces de l’ordre.

Dès le milieu d’après-midi, des dizaines d’habitants sont venus se rassembler sur le parvis de la mairie, entre les caméras des télévisions et les barrières de sécurité, certains pour y déposer des bougies, des fleurs ou quelques mots d’espoir. Annie et Jean-Claude, un couple de retraités, sont venus rendre hommage à Jacques Hamel, le prêtre auxiliaire de la paroisse Saint-Etienne-du-Rouvray, égorgé par les terroristes.

Ils habitent la ville « depuis toujours », et pour eux la marque de leur commune c’était plutôt son ouverture aux autres. « Les quartiers sont mélangés, on ne peut pas dire qu’il y ait de communauté plus en retrait que l’autre », estime Annie, qui ne veut voir en l’attaque de ce matin qu’« un acte isolé ».

Leur peur à eux deux, c’est de perdre le « vivre ensemble » propre à cette ville, où l’on est fier de rappeler que la paroisse Sainte-Thérèse, dans le quartier populaire du Madrillet, avait cédé pour un euro symbolique une partie de son terrain pour qu’on y construise la mosquée Yahiya.

Une paroisse impliquée dans la vie de la commune

Pour Sandrine (le prénom a été changé), musulmane dans la quarantaine, les rapports entre les deux principales communautés religieuses de la ville ont toujours été très bonnes : « D’aussi loin que je me souvienne, quand j’étais jeune, les sœurs de la paroisse venaient souvent dans les quartiers populaires pour proposer des activités, elles participaient à l’intégration de tous, qu’on soit musulman ou pas. »

Dans cette commune à l’affichage multiculturel, beaucoup évoquent la sympathie naturelle du père Hamel, toujours là pour rendre un service, à l’image de son activité. Installé pour sa retraite à Saint-Etienne-du-Rouvray, il avait choisi de rendre service à l’église dès qu’il le pouvait, faisant un baptême quand il n’y avait personne pour le faire dans cette paroisse moins fréquentée ou tenir une messe en semaine.

« Je le connaissais à peine, je ne suis même pas catholique, mais quand j’ai eu un problème de parking il m’avait gentiment proposé de garer ma voiture devant chez lui », raconte tranquillement Stessy, 30 ans, assis sur une barrière devant le parvis de l’hôtel de ville au moment où les bougies s’accumulent.

Hubert Wulfranc, maire communiste de « Saint-Etienne », est terrassé. Quand il s’exprime, en fin d’après-midi, pour sa première conférence de presse après l’attaque de sa commune, c’est la voix tremblante qu’il invoque le fameux « vivre ensemble » : « Soyons ensemble les derniers à pleurer et soyons ensemble les derniers à être debout contre la barbarie et dans le respect de tous. »

« La municipalité a toujours mis un point d’honneur à ce que tout le monde s’entende bien, en encourageant un fort tissu associatif mais aussi avec un gros travail de réaménagement urbain, commente un habitant. Pour lui, cet attentat c’est forcément un échec. »