Nicolas Sarkozy au siège du Parti Les Républicains à Paris le 26 juillet 2016. | GUILLAUME HERBAULT / INSTITUTE POUR LE MONDE

Dans une interview au Monde, Nicolas Sarkozy réagit au meurtre d’un prêtre, égorgé par deux hommes se réclamant de l’organisation Etat islamique dans une église de Saint-Etienne-du-Rouvray, en Seine-Maritime. « Nous sommes rentrés en guerre avec les attaques de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher en janvier 2015. Il faut en tirer toutes les conséquences », estime-t-il.

  • Sa réaction à l’acte terroriste de Saint-Etienne-du-Rouvray

Selon l’ancien chef de l’Etat, « ce nouveau drame montre à quel point nous devons changer de dimension dans notre riposte au terrorisme islamiste ». « Je ne peux pas accepter l’application de schémas intellectuels du passé à la réalité d’aujourd’hui », explique-t-il avant de déclarer que « toute la lumière devra être faite sur le parcours judiciaire de ces terroristes, sur les moyens de surveillance et sur l’appréciation de la dangerosité de ces individus  ». « Le gouvernement devra répondre à la question : comment des individus fichés, dont l’un sous contrôle judiciaire pour avoir essayé d’aller faire le djihad en Syrie, ont été laissés libres de commettre un tel attentat ? », s’interroge le président du parti Les Républicains (LR).

  • Après Nice, « le gouvernement doit la vérité aux familles des victimes et à tous les Français »

Alors que la polémique continue sur les forces de sécurité présentes le soir de l’attentat à Nice, Nicolas Sarkozy demande au gouvernement de faire la lumière sur les faits. « Des versions totalement contradictoires ont été exposées », constate-t-il. Si l’enquête venait à contredire la version du gouvernement, l’ancien président juge qu’il s’agirait alors d’un « mensonge d’état » de la part de l’exécutif : « Notre pays, pas plus qu’aucune démocratie, ne pourrait l’accepter. » « L’urgence, c’est la sécurité des Français. Et cela passe par la vérité. Le gouvernement la doit aux familles des victimes et à tous les Français », explique M. Sarkozy.

  • A situation exceptionnelle, mesures d’exception

Face à une situation terroriste exceptionnelle, Nicolas Sarkozy estime que la France ne peut pas rester dans le « cadre » juridique actuel. Quitte à remettre en cause le principe de présomption d’innocence, en assignant à résidence des personnes fichés S, sur la foi du soupçon. « Notre système doit protéger les victimes potentielles plutôt que les auteurs probables d’un futur attentat », explique l’ancien président. « Il y a dans cette guerre que nous engageons, les innocents, les coupables et une zone grise, avec ceux qui ne sont pas encore passés à l’acte. » Il justifie cette « évolution intellectuelle » : « Si les démocraties ne défendent pas les citoyens, les citoyens se défieront de la démocratie. »