Le premier ministre japonais, Shinzo Abe, à Fukuoka (dans le sud du Japon), mercredi 27 juillet. | STR / AFP

Le Brexit et le renforcement du yen ont incité le premier ministre japonais, Shinzo Abe, à annoncer un nouveau plan de relance d’un montant record de 28 000 milliards de yens, soit 241 milliards d’euros. M. Abe a dévoilé ce projet mercredi 27 juillet à Fukuoka, sur l’île de Kyushu, dans le sud-ouest du Japon.

Le projet était évoqué depuis plusieurs mois, notamment depuis la série de séismes ayant provoqué d’importants dégâts dans la région de Kumamoto, également sur l’île de Kyushu. Il s’est précisé après le vote britannique en faveur du Brexit le 23 juin, et surtout après les élections sénatoriales du 10 juillet, remportées par le camp de M. Abe.

Dès le lendemain, ce dernier avait réaffirmé sa volonté d’accélérer les « Abenomics », ces mesures adoptées depuis son retour au pouvoir en décembre 2012 pour relancer la troisième économie mondiale, notamment par la relance budgétaire. Depuis, le montant du plan faisait débat. D’abord estimé à 10 000 milliards de yens, il est passé à 20 000 milliards pour finalement s’établir à 28 000 milliards.

Dynamiser l’agriculture et le tourisme

Le détail de l’allocation des fonds devrait être précisé mardi 2 août, quand le gouvernement l’approuvera

Le détail de l’allocation des fonds devrait être précisé mardi 2 août, quand le gouvernement l’approuvera. L’ampleur de l’enveloppe laisse penser qu’elle se fera sur plusieurs années. Les objectifs seraient de dynamiser les secteurs exportateurs, l’agriculture et le tourisme. Les fonds devraient aussi financer des projets d’infrastructures, notamment l’agrandissement des installations portuaires et la très onéreuse construction de la ligne de train à sustentation magnétique Maglev. L’argent pourrait également aller à l’augmentation des salaires des travailleurs des secteurs de l’aide à domicile pour les personnes âgées et de la petite enfance.

M. Abe a justifié son choix par les incertitudes qui planent sur l’économie mondiale. Les risques liés au Brexit ont occupé une place importante des discussions des grands argentiers du G20, qui se sont réunis les 23 et 24 juillet à Chengdu, en Chine.

Action à venir de la Banque du Japon

L’appréciation du yen, dont la faiblesse est l’un des fondements des Abenomics, inquiète aussi le gouvernement. L’annonce du plan a fait d’ailleurs baisser la devise japonaise face au dollar et à l’euro.

Le projet de M. Abe intervient à la veille de la réunion mensuelle du conseil politique de la Banque du Japon (BoJ), qui pourrait se traduire par l’annonce de nouvelles mesures d’assouplissement. Le 23 juillet, à Chengdu, le gouverneur de la banque centrale japonaise, Haruhiko Kuroda, ne l’a pas exclu :

« Nous examinons les facteurs de risque pour l’économie et les prix. Et nous prendrons les mesures d’assouplissement nécessaires pour réaliser l’objectif de stabilité des prix. »

Le plan de relance lui-même pourrait aussi inciter à plus d’assouplissement. Cela permettrait à la BoJ d’acheter plus de bons du Trésor et de montrer que la coordination avec le gouvernement fonctionne bien.