A l’usine PSA Peugeot Citröen de Mulhouse | SEBASTIEN BOZON / AFP

L’industrie automobile française n’a jamais été à pareille fête. Huit ans après le déclenchement de la crise financière qui a dévasté le secteur, les constructeurs et les équipementiers tricolores affichent des résultats financiers exceptionnels pour le premier semestre.

Après PSA, qui a surpris mercredi 27 juillet tous les observateurs en présentant un bénéfice multiplié par plus de deux en un an, à 1,2 milliard d’euros pour un chiffre d’affaires stable (29 milliards), c’est Renault qui a enchanté les marchés jeudi 28 juillet. Son chiffre d’affaires a progressé de 13,5 %, à 25,2 milliards, tout comme son bénéfice, à 1,5 milliard d’euros en croissance de 8 %.

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Portés par la reprise des ventes, notamment sur le Vieux Continent, les deux constructeurs nationaux engrangent, enfin, les dividendes de leurs restructurations. Davantage que leurs bénéfices plantureux, c’est la performance opérationnelle des deux groupes qui en témoigne.

Un trésor de guerre

Renault affiche au premier semestre une marge opérationnelle de 4,9 %, en progression de 40 % sur un an. Et sa marge sur la seule division automobile s’envole de 62 % à 4,2 %. PSA est plus impressionnant. Si sa marge globale atteint 5,1 %, la marge de sa division automobile atteint 6,8 % sur le semestre. C’est presque le niveau d’une marque haut de gamme. Depuis quinze ans, la branche automobile de PSA était plus habituée à un niveau de marge de l’ordre de 1 %

A l’article de la mort en 2014, obligé de lever près de 4 milliards d’euros de capital pour s’en sortir, en faisant au passage entrer l’Etat et Dongfeng à son capital, PSA a depuis reconstitué ses forces et dispose désormais d’un trésor de guerre de 6,6 milliards d’euros alors qu’il s’apprête à lancer plus d’une centaine de modèles dans les six ans à venir.

Renault et PSA ont fini par rattraper leur retard sur les équipementiers tricolores qui avaient lancé leur restructuration drastique et réorientés leur stratégie dès 2009-2010. Qu’ils fabriquent des pneus comme Michelin, des phares ou des systèmes d’aides à la conduite comme Valeo, des réservoirs d’essence ou des pare-chocs comme Plastic Omnium ou des sièges et des systèmes de dépollution comme Faurecia, tous ces acteurs implantés mondialement ont affiché cette semaine des bénéfices importants et des efficacités opérationnelles historiques.

Michelin a montré la voie

Avec 13,7 % de marge, en progression de deux points, Michelin a montré la voie. Valeo et ses 8 %, en progression de près d’un point, Faurecia (5,1 %, contre 4 % auparavant) et surtout Plastic Omnium (10,1 %) ont tous suivi la tendance grâce à leur maîtrise des coûts, la technicité de leur produit, et la diversification de leur implantation géographique et la diversité de leurs clients.

« Avec ce niveau de rentabilité, nous devenons l’un des équipementiers de référence du secteur dans le monde, indique Jean-Michel Szczerba, le codirecteur général de Plastic Omnium. Cette performance nous permet surtout de dégager d’avantage de moyens pour anticiper les mutations à venir et financer notamment nos efforts de recherche et développement. »