C’est le parent pauvre du football français. Le championnat de deuxième division est souvent moqué pour son manque de spectacle, son jeu plus physique que technique et ses stades souvent à moitié vides. Mais cette saison la Ligue de football professionnel (LFP) et les clubs eux-mêmes semblent vouloir augmenter l’attractivité de ce championnat. Avec le retour de Strasbourg, la bonne forme du Red Star et le potentiel de Lens, les luttes pour le maintien et les trois premières places seront une attraction intéressante à suivre dans un championnat réputé pour sa densité et son incertitude.

  • Le retour des barrages

Le retour des barrages pour la montée et la descente est la principale nouveauté de la saison 2016-2017. Depuis 1993, les trois premiers de Ligue 2 remplacent numériquement les trois relégués de Ligue 1. Sujette à controverse, cette solution a été adoptée par la LFP. « Nous avons voté le système à 2 + 1, avec match aller sur le terrain du 3e de Ligue 2 et le match retour sur le terrain du 18e de Ligue 1 », a déclaré Didier Quillot, le directeur général de la LFP.

A titre d’exemple, pour la saison dernière, le Stade de Reims (Ligue 1) aurait donc dû affronter le FC Metz. Le vainqueur de cette confrontation aurait participé à la saison suivante en Ligue 1. Et l’autre serait descendu – ou resté – en deuxième division. Les barrages sont d’ores et déjà prévus les 23 et 28 mai 2017.

Cette initiative, qui a, entre autres, donné lieu à la démission de Frédéric Thiriez, est censée renforcer le championnat de Ligue 1, à la traîne sur la scène continentale. En effet, le 18e de Ligue 1 part, logiquement, avec une longueur d’avance sur le 3e de Ligue 2 et aurait plus de chances de se maintenir. Ce système éviterait aux équipes les plus faibles du championnat de faire constamment l’ascenseur et leur permettrait d’obtenir une certaine stabilité financière et sportive, qui bénéficierait à la compétitivité de la Ligue 1. Les barrages sont, par exemple, en place en Allemagne.

  • La Ligue 2 devient la « Domino’s Ligue 2 »

Il va falloir s’y habituer. Désormais, il ne faudra plus dire « la ligue 2 », ou encore moins la « D2 », mais la « Domino’s Ligue 2 ». Le naming concernait les stades en France, jusqu’ici, mais désormais il touche aussi le nom du championnat, comme lorsque la deuxième division anglaise avait été nommée « Coca-Cola Championship » ou lorsque l’Euro 2016 avait pour partenaire majeur l’enseigne de fast-food KFC. Les auteurs de cette nouvelle appellation ont argué que « la pizza est le plat indissociable d’une soirée football réussie ». Et ils espèrent pouvoir augmenter mutuellement l’attractivité des deux activités, gustative et footballistique, en misant sur des réductions sous réserve d’avoir acheté une place pour un match de Ligue 2. Ce partenariat court pour quatre saisons. Il va donc vraiment falloir s’y habituer.

  • Le retour du RC Strasbourg

Il y a cinq ans, le Racing Club de Strasbourg (RCS) était relégué administrativement en CFA2, le cinquième échelon du football français. Depuis, le club n’a cessé de remonter de division en division supérieure. Son retour en Ligue 2 est un événement majeur de la saison à venir. Strasbourg est un club au palmarès impressionnant à ce niveau. Triple vainqueur de la Coupe de France, champion de France en 1979, plusieurs fois qualifié pour les différentes coupes d’Europe, le RCS a l’ambition de remonter en première division assez rapidement.

Armé d’un budget de 12 millions d’euros, le double de la saison dernière, soit le cinquième budget de la L2, le promu a effectué un recrutement intelligent, notamment dans le secteur offensif, et a fait venir Thierry Laurey, l’ex-entraîneur du Gazélec Ajaccio, reconnu pour ses capacités à bonifier un effectif. Si l’objectif immédiat est d’assurer le maintien, nul doute que les 27 000 spectateurs de la Meinau vont assurer le spectacle et pousser leur équipe un peu plus haut.

  • Un petit vent espagnol souffle sur Lens

C’est assez rare pour être signalé. L’un des plus grands clubs d’Europe a investi au RC Lens. Il s’agit de l’Atlético Madrid, qui a pris 34,6 % des parts du capital du club lensois. A travers Ignacio Aguillo, conseiller en charge du développement des « Rojiblancos », l’Atlético souhaite « remettre Lens à sa place » et insuffler un partenariat « gagnant-gagnant » pour les deux équipes. L’autre actionnaire, la société luxembourgeoise Solférino, dont Aguillo détient des parts, possède le reste du capital des « Sang et Or ».

Gervais Martel, le président du RC Lens ici en mars 2014, se réjouit de l’arrivée des investisseurs madrilènes au capital de son club. | AFP/VALERY HACHE

L’objectif de ce partenariat est de pouvoir procéder à des échanges de joueurs en fonction des « besoins » des deux clubs. Le RC Lens pourrait se faire prêter des jeunes en manque de temps de jeu du côté de Madrid et, à l’inverse, de jeunes pépites lensoises pourraient rejoindre l’Atlético plus facilement. « L’objectif est de monter en Ligue 1 et remettre Lens à sa place. On a une exigence très forte et c’est le message qu’on fait passer à l’entraîneur et aux joueurs », a fait savoir Ignacio Aguillo. Dès la saison prochaine ?

  • Plus qu’un seul club francilien

Si le Paris-Saint-Germain écrase la Ligue 1 de façon incontestée, établissant même un record de points inscrits en 2015-2016, la saison de Ligue 2 de l’an dernier avait aussi des allures de record. Avec trois clubs d’Ile-de-France (Créteil, Red Star, Paris FC), la région parisienne s’imposait comme la mieux représentée à ce niveau. Il devenait alors plausible qu’une formation francilienne puisse rejoindre Paris dans la plus haute division du football français. Las ! L’US Créteil Lusitanos et le PFC ont été relégués en national, en étant respectivement 19e et 20e du championnat.

Le milieu de terrain du Red Star, Hameur Bouazza, célèbre un but inscrit contre Saint-Etienne, en Coupe de France. | FRANCK FIFE / AFP

Quant au Red Star, promu de National, et qui a failli monter en Ligue 1, il a terminé 5e, à seulement un petit point de la promotion, finalement acquise par le FC Metz. Les joueurs de Seine-Saint-Denis, qui joueront au stade Jean-Bouin, juste à côté du Parc des Princes (Paris 16e), ambitionnent certainement l’accessit à la première division.

Le programme de la 1re journée :

Vendredi 29 juillet

(20 heures) Bourg-en-Bresse - Strasbourg

Gazélec Ajaccio - Brest

Nîmes - Laval

Niort - Lens

Orléans - Le Havre

Tours - AC Ajaccio

Troyes - Sochaux

Valenciennes - Clermont

Samedi 30 juillet

(15 heures) Red Star - Auxerre

lundi 1er août

(20 h 30) Amiens - Reims