Manifestation antiputsch place Taksim, à Istanbul, le 26 juillet. | Petros Karadjias / AP

Les inquiétudes répétées de la communauté internationale n’y font rien : deux semaines après le coup d’Etat raté, la purge s’étend chaque jour un peu plus en Turquie.

  • 18 000 personnes placées en détention

Plus de 18 000 personnes ont été placées en détention depuis le 15 juillet, a déclaré vendredi 29 juillet le ministre de l’intérieur turc Efkan Ala à la chaîne de télévision publique TRT Haber. Parmi elles, 9 677 ont été officiellement arrêtées et attendent de passer en jugement. Le ministre a ajouté que 50 000 passeports ont été confisqués.

En outre, les limogeages se poursuivent. Le nombre d’employés du secteur public mis à pied depuis le putsch avorté s’élève désormais à 66 000, dont 43 000 dans l’enseignement, selon l’agence de presse progouvernementale Anatolie.

  • Le profond remaniement de l’armée continue

Le premier ministre turc Binali Yildirim et des membres du conseil militaire suprême, à Ankara, le 28 juillet. | ADEM ALTAN / AFP

Depuis le début de la purge, 149 généraux ont été limogés pour indignité, et l’armée doit donc être remaniée en, profondeur. Jeudi soir, la présidence a annoncé que le vice-chef d’Etat major, le général Yasar Guler, allait prendre la tête de la gendarmerie et que le commandant la 1re armée, le général Umit Dundar, assumerait les fonctions de vice-chef d’état-major.

Le chef d’état-major, le général Hulusi Akar – pris en otage par les mutins pendant la tentative de putsch du 15 juillet – est lui confirmé à son poste, de même que les chefs des armées de terre et de l’air et de la marine.

Des officiers de rang inférieur ont reçu des promotions rapides pour combler le vide créé par la saignée dans la hiérarchie de l’armée turque. Quatre-vingt-dix-neuf colonels ont été promus au rang de général ou d’amiral, et 47 généraux et amiraux immédiatement mis en retraite.

  • La purge s’étend au milieu économique

Vendredi, trois industriels de premier plan ont été mis en garde à vue dans le cadre des enquêtes tentaculaires sur les réseaux de l’imam Fethullah Gülen, qu’Ankara accuse d’avoir ourdi le putsch raté.

Mustafa Boydak, président du conglomérat familial Boydak Holding, a été arrêté à Kayseri, dans le centre de la Turquie, en même temps que deux dirigeants de son groupe, a annoncé l’agence Anatolie. La police est toujours à la recherche de trois autres cadres de ce conglomérat. Boydak Holding a des intérêts dans l’énergie, la finance et les meubles. Il détient les marques Istikbal et Bellona, très connues en Turquie.

Ces arrestations sont apparemment les premières dans le milieu économique en Turquie.
Mustafa Boydak est également le président de la chambre de commerce de Kayseri, une ville au développement rapide faisant partie des « tigres d’Anatolie », ces municipalités ayant prospéré depuis le début du règne de Recep Tayyip Erdogan, en 2003.

  • Des journalistes devant le tribunal

Vingt et un journalistes en garde à vue comparaissent vendredi devant un tribunal d’Istanbul, selon l’agence Anatolie.

Parmi eux figure Nazli Ilicak, ancienne députée, qui avait été licenciée du quotidien progouvernemental Sabah en 2013 après avoir critiqué des ministres empêtrés dans un scandale de corruption, orchestré, selon Ankara, par l’imam Gülen.

Purges en Turquie : "C'est sans précédent"
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