Le pape arrive au  « campus de la Miséricorde ». | FILIPPO MONTEFORTE / AFP

Agir, ne pas se laisser porter, donner dans le concret. Samedi 30 juillet, lors de la traditionnelle veillée de prière, au dernier samedi des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), le pape François a choisi le registre imagé qu’il affectionne pour développer le véritable leitmotiv de son voyage : convaincre les jeunes catholiques de s’engager et d’agir dans « un monde en guerre ».

Le pape avait demandé aux jeunes réunis à Cracovie (Pologne) de ne pas être tels des « retraités précoces », de ne pas « jeter l’éponge avant de commencer la partie » de la vie. Samedi, il les a pressés de ne pas « confondre le bonheur avec un canapé ».

Dans l’immense « campus de la Miséricorde » installé à une vingtaine de kilomètres de la capitale du sud de la Pologne, des centaines de milliers de jeunes étaient arrivés de Cracovie au fil de la journée, parfois à pied, sac au dos sous un chaud soleil.

Aux JMJ, c’est la tradition, on passe la dernière nuit ensemble, sur place, à la belle étoile, entre la veillée de prière et la messe du dimanche.

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Contre « le canapé qui nous maintiendra enfermés à la maison »

L’impressionnant dispositif de sécurité a allongé l’installation des groupes mais, au soleil couchant, le pape est apparu sur les écrans géants disséminés dans la plaine, sa papamobile soulevant les acclamations des sections de public qu’il longeait.

Les jeunes ont d’abord pu entendre, entre autres témoignages, celui d’une jeune Syrienne d’Alep, Rand Mittri, décrire le quotidien de la guerre :

« Tous les jours, nous vivons une vie entourée par la guerre. Le sens de vie a été effacé ».

Le pape arrive à Brzegi dans sa « papamobile ». | Czarek Sokolowski / AP

Le pape a ensuite pris la parole :

« Pour nous, ici, la douleur, la guerre que vivent de nombreux jeunes, ne sont plus une chose anonyme, elles ne sont plus une nouvelle de la presse, elles ont un nom, un visage, une histoire, une proximité (…) Lorsque nous entrons en contact avec les vies concrètes, non plus médiatisées par les écrans, alors il nous arrive quelque chose de fort, nous sentons l’invitation à nous impliquer. Notre réponse à ce monde en guerre a un nom : elle s’appelle fraternité, elle s’appelle lien fraternel, elle s’appelle communion, elle s’appelle famille ».

Czarek Sokolowski / AP

Encore faut-il, a expliqué le pape, ne pas se laisser gagner par « la paralysie qui naît lorsqu’on confond le bonheur avec un canapé ».

« Oui, croire que pour être heureux, nous avons besoin d’un bon canapé. Un canapé qui nous aide à nous sentir à l’aise, tranquilles, bien en sécurité. Un canapé - comme il y en a maintenant, modernes, avec des massages y compris pour dormir – qui nous garantisse des heures de tranquillité pour nous transférer dans le monde des jeux vidéo et passer des heures devant l’ordinateur.
Un canapé contre toute espèce de douleur et de crainte. Un canapé qui nous maintiendra enfermés à la maison, sans nous fatiguer ni sans nous préoccuper. »

« Nous ne sommes pas venus au monde pour ‘‘végéter’’ », a ajouté François, mais « pour laisser une empreinte. »

« Le temps qu’aujourd’hui nous vivons n’a pas besoin de jeunes-canapés, mais de jeunes avec des chaussures, mieux encore, chaussant des crampons. Il n’accepte que des joueurs titulaires sur le terrain, il n’y a pas de place pour des réservistes.
Le monde d’aujourd’hui vous demande d’être des protagonistes de l’histoire, parce que la vie est belle à condition que nous voulions la vivre. »

Czarek Sokolowski / AP