Opérations de l’armée syrienne pour reprendre le contrôle de l’est d’Alep, le 26 juillet. | GEORGE OURFALIAN / AFP

Des dizaines de familles sont sorties samedi 30 juillet des quartiers rebelles d’Alep, en Syrie, à travers l’un des corridors humanitaires, selon les médias du régime, dont les troupes soumettent ce secteur depuis des semaines à un siège total et des raids destructeurs. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a confirmé qu’un certain « nombre de civils » ont emprunté ce corridor dans le quartier de Salaheddine pour se rendre dans les zones sous contrôle du régime.

« Des dizaines de familles sont sorties le matin des quartiers est d’Alep à travers les couloirs (…) ouverts pour évacuer les citoyens assiégés par les groupes terroristes », a fait savoir la Syrian Arab News Agency (SANA). Le terme « terroristes » est utilisé par le régime pour qualifier les rebelles. « Les soldats les ont accueillies et transportées dans des bus en direction d’abris temporaires », a-t-elle dit. Outre ces familles, un groupe « de femmes de plus de 40 ans sont également sorties des quartiers est d’Alep par le passage de Salaheddine ».

La SANA a publié des photos de femmes habillées en noir accompagnées d’enfants en file près de soldats ou prenant le bus. La chaîne officielle Al-Ikhbariya a diffusé des images de quelques femmes et d’enfants traversant une rue bordée d’immeubles en ruines. L’agence signale que des combattants ont rendu leurs armes, mais ne précise pas leur nombre.

« Couloirs de la mort »

Deuxième ville du pays et enjeu important de la guerre, Alep est divisée depuis 2012. Ceux qui sont en faveur du régime contrôlent les quartiers ouest et tentent de reconquérir les quartiers est rebelles, soumis pendant des mois aux bombardements et raids meurtriers dévastateurs du régime.

Après avoir assiégé totalement, depuis le 17 juillet, les 250 000 habitants des quartiers rebelles qui souffrent de grandes pénuries, le régime a autorisé l’ouverture jeudi de corridors pour permettre aux civils et combattants souhaitant déposer les armes de sortir. La Russie – alliée du régime, qu’elle aide militairement face aux rebelles et djihadistes – a annoncé cette information.

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L’initiative a été présentée comme ayant un but humanitaire, mais rebelles, opposants et plusieurs pays dont les Etats-Unis ont exprimé leur scepticisme. D’ailleurs, plusieurs habitants continuent d’avoir peur d’emprunter ces passages. Depuis le 7 juillet, aucune aide n’est parvenue aux quartiers rebelles d’Alep, qui manquent de produits de première nécessité.

L’Organisation des Nations unies s’est dite favorable à ces corridors et a proposé d’en prendre le contrôle. Mais le secrétaire d’Etat des Etats-Unis John Kerry s’est dit sceptique. Il a évoqué une possible « ruse » de Moscou. L’opposition au régime a également mis en doute les intentions du régime et de son allié russe. Ahmad Ramadan, membre de la Coalition de l’opposition en exil, a parlé de « couloirs de la mort », et sa collègue Bassma Kodmani a dénoncé « un message brutal pour [le] peuple [syrien] : partez ou mourez de faim ».