Le Conseil national électoral (CNE) du Venezuela doit se réunir, lundi 1er août, pour répondre à l’opposition qui veut organiser un référendum sur le départ du président Nicolas Maduro. Initialement, le CNE devait rendre sa décision mardi 26 juillet. L’organisme, que l’opposition accuse de favoriser le gouvernement, avait finalement annoncé un report, affirmant ne pas vouloir céder à une quelconque « pression ». Aucune nouvelle date n’a été fixée pour la publication des conclusions du conseil.

Elu en 2013 pour un mandat allant jusqu’en 2019, le chef de l’Etat socialiste fait face depuis les élections législatives de décembre 2015 à un Parlement contrôlé par une coalition de centre droit, la Table de l’unité démocratique (MUD). Ces antichavistes (du nom de l’ex-président Hugo Chavez, 1999-2013) exigent l’organisation d’un référendum contre M. Maduro avant la fin de l’année.

Ils rendent le chef de l’Etat responsable des pénuries alimentaires, de l’hyperinflation et, plus généralement, de la situation de plus en plus chaotique au Venezuela. Le pays dispose des plus grandes réserves de pétrole du monde, mais il subit de plein fouet la chute des cours du brut.

Processus long et complexe

Pour arriver à ses fins, l’opposition a enclenché un processus long et complexe prévu par la constitution. Elle doit d’abord recueillir un nombre de signatures correspondant à 1 % du corps électoral vénézuélien, soit 200 000. Puis, après validation par le Conseil national électoral, elle devra présenter quatre millions de signatures (20 % de l’électorat) afin de pouvoir convoquer le référendum lui-même.

A ce jour, elle a recueilli près de deux millions de signatures, dont seules 1,3 million ont été validées par le CNE. Au moins 200 000 signataires devaient confirmer leur choix, en personne, fin juin. C’est sur ce point précis que doit se prononcer lundi le Conseil national électoral.

Pour destituer Nicolas Maduro, le « oui » devra dépasser son score à la présidentielle de 2013, soit 7,5 millions de voix. La MUD espérait que le CNE authentifierait mardi dernier ces 200 000 signatures, après un audit qui a duré près d’un mois.

« Il y a deux options à l’heure actuelle : le bon sens, ou bien la crise se prolonge et le pays peut exploser à tout moment », a averti Julio Borges, député et chef de la majorité parlementaire. « Tout le pays compte sur un changement », a-t-il ajouté.

Divisions internes de l’opposition

Mais la Table de l’Unité démocratique a bien du mal en ce moment à faire descendre en masse la population dans la rue pour protester contre le gouvernement, et ce malgré un taux de mécontentement élevé (sept Vénézuéliens sur dix réprouvent la gestion du président).

Manifestations au Venezuela pour réclamer le départ du président
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Il est probable que les divisions internes de l’opposition expliquent en partie cette faible mobilisation des Vénézuéliens, dont beaucoup sont par ailleurs trop occupés à faire la queue pour essayer de se procurer des produits de base. Ils craignent aussi pour leur sécurité, en raison de l’imposant déploiement policier.

A cet égard, l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) a fait savoir mercredi que des opposants à Nicolas Maduro avaient dit avoir été arrêtés et torturés en raison de leurs activités politiques.

Pour la Table de l’Unité démocratique, il est crucial que le référendum ait lieu avant le 10 janvier 2017, car si M. Maduro est révoqué avant cette date, il y aura des élections anticipées. En revanche, si la consultation se déroule après et si le chef de l’Etat la perd, il pourra désigner son vice-président pour le remplacer.

Nicolas Maduro lui-même a intenté une action pour fraude devant le Tribunal suprême de justice (TSJ), que l’opposition accuse également d’être au service du gouvernement.