Cazeneuve : "Une vingtaine de mosquée ont été fermées" depuis décembre
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Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a rappelé lundi 1er août qu’« une vingtaine » de mosquées et salles de prière considérées comme radicales avaient été fermées depuis décembre 2015, ajoutant qu’« il y en aura d’autres », de même que des expulsions de prédicateurs extrémistes.

M. Cazeneuve s’exprimait devant la presse après avoir reçu au ministère le président et le secrétaire général du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech et Abdallah Zekri. Ces annonces font également suite à un entretien au Monde du premier ministre, Manuel Valls, qui s’est dit favorable à un meilleur contrôle des mosquées en France.

« Il n’y a pas de place – et nous nous le sommes dit – en France pour ceux qui dans des salles de prière ou dans des mosquées appellent et provoquent à la haine et ne respectent pas un certain nombre de principes républicains, je pense notamment à l’égalité entre les femmes et les hommes. »

« Il y en aura d’autres »

« C’est la raison pour laquelle j’ai pris la décision il y a quelques mois, soit dans le cadre de l’état d’urgence, soit en mobilisant tous les moyens du droit commun, soit par des mesures administratives, de fermer des mosquées. C’est une vingtaine de mosquées et de salles de prière qui ont été fermées, et il y en aura d’autres compte tenu des informations dont nous disposons », a-t-il prévenu.

Quelques jours après les attentats du 13 novembre, Bernard Cazeneuve avait annoncé, dans le cadre de l’état d’urgence, la fermeture de plusieurs mosquées. La France compte quelque 2 500 mosquées et salles de prière, dont environ 120 sont considérées comme diffusant une idéologie fondamentaliste salafiste.

« Nous expulsons aussi : ce sont quatre-vingts arrêtés d’expulsion qui ont été pris » depuis 2012, a ajouté le ministre. « Il y a plusieurs dizaines d’arrêtés d’expulsion en cours d’examen, je poursuivrai avec la plus grande résolution cette politique », a-t-il dit.

Fondation de l’islam de France

La réunion de lundi entre le ministre de l’intérieur et des cultes et les responsables du CFCM portait notamment sur l’organisation et le financement de l’islam en France, très critiqués dans la classe politique et jusque dans les rangs musulmans à la suite des attentats à Nice et à Saint-Etienne-du-Rouvray.

Bernard Cazeneuve a confirmé qu’une « fondation de l’islam de France » allait être relancée, qui aura notamment pour mission d’œuvrer à « garantir la totale transparence dans le financement » des mosquées, « dans le respect rigoureux des principes de la laïcité ».

« Il y a là un travail technique qui est difficile, sur lequel nous travaillons de façon extrêmement méthodique et qui me conduira à faire des propositions complémentaires au premier ministre dans le courant de l’été, de sorte que nous puissions proposer un dispositif global cohérent dans le courant du mois d’octobre prochain », a annoncé le ministre.

Le précédent, un échec

La relance de cette fondation devait être l’un des chantiers prioritaires du « plan islam » annoncé au lendemain des attentats de janvier 2015 par le gouvernement. Une première version, la Fondation des œuvres de l’islam de France (FOIF), créée en 2005 par Dominique de Villepin, alors ministre de l’intérieur, s’est soldée par un échec. A l’époque, Serge Dassault, maire de Corbeil-Essonnes (1995-2009), avait même fait un don de 2 millions d’euros à la structure. L’élu sera en fait l’unique donateur, puisque la FOIF, aussitôt créée, s’est enfoncée dans des querelles de pouvoir.

Manuel Valls avait rappelé dans Le Monde qu’il « y a plus de dix ans, une fondation [la Fondation pour l’islam de France] a été créée pour réunir en toute transparence les fonds nécessaires ».

« Son échec est total. Il ne doit pas nous décourager. Il faut reconstruire une capacité de financement française », estime-t-il. « Il y a urgence à aider l’islam de France à se débarrasser de ceux qui le minent de l’intérieur. Pour cela, il nous appartient de bâtir un véritable pacte avec l’islam de France, donnant à la Fondation une place centrale », ajoutait le chef du gouvernement.