L’ancienne ministre de la défense élue gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, le 31 juillet. | JIJI PRESS / AFP

Sensible aux questions écologiques, très nationaliste et favorable à une plus grande implication des femmes en politique, Yuriko Koike a largement remporté le 31 juillet l’élection au poste de gouverneur de Tokyo. Elle succède à Yoichi Masuzoe, démissionnaire en juin pour une affaire de détournement de fonds politiques, et devient la première femme à diriger la capitale japonaise.

« Je veux regagner la confiance des Tokyoïtes », a-t-elle déclaré une fois élue, rappelant que les trois derniers gouverneurs ont démissionné à la suite de scandales financiers.

Elle a dominé les vingt autres candidats, notamment le journaliste Shuntaro Torigoe, choisi comme candidat unique de l’opposition, et le représentant officiel du Parti libéral-démocrate – le PLD au pouvoir –, Hiroya Masuda, ancien gouverneur du département d’Iwate et ancien ministre de la gestion publique.

Mme Koike, 64 ans, a mené campagne sur le thème d’une « grande réforme de Tokyo ». Elle a notamment défendu une augmentation des places en crèche pour une ville qui en manque cruellement. « Je suis persuadée qu’une politique au profit des femmes bénéficiera à Tokyo et lui apportera du bonheur », estime-t-elle.

Elle s’est également engagée à plus de transparence dans la gestion de la métropole de 13,8 millions d’habitants, où l’usage des impôts – élevés – inquiète parfois, comme le prouve l’explosion des coûts de préparation des Jeux olympiques de 2020, autre dossier important qui attend la nouvelle gouverneure.

Un monde politique nippon très masculin

Elle devra composer avec la majorité locale. Le PLD et son partenaire, le Parti Komei, détiennent deux tiers des sièges de l’assemblée métropolitaine. Ils n’ont pas apprécié son choix de se lancer dans la campagne sans avoir sollicité leur aval. Sa décision les avait incités, avec l’appui du premier ministre Shinzo Abe, à initier la candidature de M. Masuda.

Shintaro Ishihara, qui a dirigé Tokyo de 1999 à 2012 et reste influent au sein du PLD local, a, comme à son habitude, joué les provocateurs en refusant que la capitale revienne à « une femme trop maquillée ». Une remarque sexiste qui n’a pas atteint Mme Koike. « J’ai l’habitude », a réagi la candidate qui évolue depuis 1992 dans le très masculin monde politique nippon.

Née à Ashiya, dans le département de Hyogo, au centre du Japon, Mme Koike a étudié à l’université du Caire. Elle a fait ce choix notamment parce que son père, négociant dans le domaine pétrolier, estimait qu’il fallait entretenir des liens solides avec les pays arabes.

Arabisante, Mme Koike a travaillé comme interprète, puis présentatrice, sur la chaîne privée TV Tokyo, avant de se lancer en politique. Elle est élue en 1992 pour la première fois à la Chambre haute, avec l’appui du défunt Nouveau Parti du Japon. Elle rejoint le PLD en 2002.

Première femme à diriger le ministère de la défense

Ministre de l’environnement de 2003 à 2006, elle porte la populaire réforme des « Cool biz » et « Warm biz » qui incitent les salariés à adapter leurs tenues aux saisons pour limiter l’usage des climatiseurs l’été et du chauffage l’hiver. En 2007, elle devient la première femme à diriger le ministère de la défense, à la fin du premier mandat de premier ministre de M. Abe.

Elle intègre en 2013 le conseil d’administration de Renault. Sur le plan privé, Mme Koike s’est mariée en 1973, mais a rapidement divorcé.

Pendant sa carrière parlementaire, qu’elle a interrompue pour se lancer dans la campagne à Tokyo, elle a défendu la révision de la Constitution. Elle soutient la « Société pour la révision des manuels d’Histoire », auteure d’ouvrages niant la responsabilité du Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. Proche de l’organisation ultranationaliste Nippon Kaigi, elle promeut les visites au controversé sanctuaire Yasukuni, qui abrite, entre autres, les âmes des criminels de guerre japonais. Des positionnements qui pourraient compliquer son action à l’international.