Manifestation pro-Erdogan à Cologne, en Allemagne, le 31 juillet. | Martin Meissner / AP

La Turquie a convoqué lundi 1er août à la mi-journée le chargé d’affaires allemand, a annoncé un porte-parole de l’ambassade d’Allemagne. Cela fait suite à la manifestation à Cologne de milliers de Turcs favorables au président Recep Tayyip Erdogan, au cours de laquelle le chef de l’Etat turc a été interdit de s’adresser à la foule par vidéo.

Dimanche, Ankara avait déjà qualifié d’« inacceptable » cette interdiction, faite par la Cour constitutionnelle allemande. Les autorités allemandes craignaient qu’un tel discours vidéo n’exacerbe les tensions au sein de la diaspora turque en Allemagne, la plus importante au monde – 1,55 million de Turcs, pour une communauté de 3 millions de personnes au total en incluant les Allemands d’origine turque.

La police allemande a aussi refusé que des responsables de premier plan du gouvernement turc participent à la manifestation. Le seul à avoir été autorisé à s’y s’exprimer a été le ministre de la jeunesse et des sports, Akif Cagatay Kilic.

Relations détériorées

Un message de M. Erdogan a tout de même été lu lors du rassemblement. Il y a remercié les participants et estimé que « la Turquie est plus forte aujourd’hui qu’avant le 15 juillet », date du putsch manqué, qui donne lieu à une purge sans précédent dans l’armée, la fonction publique ou encore les médias.

Ankara a demandé cette semaine à Berlin d’extrader les membres du réseau du prédicateur Fethullah Gülen, qu’elle accuse d’avoir ourdi la tentative de putsch. Dans ce contexte, l’inquiétude monte en Allemagne. Dimanche, le ministre des affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier, a estimé dans le journal Süddeutsche Zeitung qu’« importer les tensions politiques intérieures de la Turquie chez nous (…), ça ne va pas ».

Ces tensions surviennent à un moment où les relations entre les deux pays sont détériorées, après le vote par les députés allemands en juin d’une résolution qualifiant de « génocide » le massacre des Arméniens sous l’Empire ottoman en 1915.

Purges en Turquie : "C'est sans précédent"
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