Avant même son lancement officiel en France, dimanche 24 juillet, Pokémon Go a déchaîné les passions. Dans les rues, les parcs et même les musées, des hordes de dresseurs, smartphone en l’air, arpentent chaque jour le bitume à l’affût des petites créatures virtuelles à capturer.

Et avec déjà plusieurs dizaines de millions d’adeptes à travers le monde, le jeu phénomène n’est pas passé inaperçu auprès des commerçants et des collectivités qui y ont vu une belle opportunité pour renforcer leur image de marque et gonfler leurs ventes.

En France, Monoprix a été l’un des premiers à surfer sur le succès de l’application, proposant aux aficionados du jeu, le 22 juillet, de récupérer gratuitement dans son magasin parisien du boulevard Saint-Michel un « kit de dresseur », contenant une barre énergétique, des pansements pour les ampoules, un brumisateur, une crème solaire et une batterie externe.

Opérations de jeux-concours

« Dans ce genre d’opération, l’enjeu est de ne pas être pris de vitesse et d’être les premiers à dégainer. Nous avons tout mis en place en vingt-quatre heures », explique Florence Chaffiotte, directrice marque et digital de Monoprix. Un événement qui a suscité l’enthousiasme des joueurs. Entre 1 500 et 2 000 personnes se sont précipitées pour tenter de récupérer l’un des trois cents sacs distribués ce jour-là.

Face à cette frénésie, l’enseigne a réitéré l’opération, cette fois sous la forme d’un jeu sur les réseaux sociaux. « Plus de 20 000 personnes y ont déjà participé. Nous avons enregistré plus de 20 000 commentaires sur les réseaux sociaux concernant cette opération, dont 95 % positifs. C’est le plus gros succès que nous ayons eu à ce jour sur les réseaux sociaux », poursuit Florence Chaffiotte.

Les grandes enseignes boivent du petit-lait. Les opérations de jeux-concours mises en place sur Facebook et Twitter leur permettent de renforcer leur visibilité auprès des clients sans dépenser un seul euro. But proposait ainsi aux joueurs de venir chasser les Pokémon dans ses rayons et de bénéficier de 10 % de réduction sur ses produits. « Nous avons voulu proposer une expérience de shopping originale en y mêlant le côté ludique du jeu, note Jessica Empereur, directrice de la communication de l’enseigne. Nous avons eu beaucoup de retombées médiatiques et cela a généré du trafic dans nos magasins. C’est un vrai cas d’école en termes de marketing. »

Niantic, la société à l’origine de Pokémon Go, a d’ailleurs bien compris tout le potentiel de monétisation de son jeu auprès des commerces. John Hanke, son PDG, a notamment confié le 13 juillet dans une interview au Financial Times que la possibilité de partenariats avec les marques était à l’étude. Une hypothèse qui a déjà pris forme. Au Japon, McDonald’s a ainsi conclu un partenariat avec l’éditeur, payant pour faire de ses restaurants des « pokéstops » et des « arènes », ces lieux incontournables où se rendent les joueurs de l’application.

Des retombées financières bien réelles

Chez Auchan Drive, cette nouvelle façon de drainer de la clientèle dans ses points de vente interpelle. « Nous avons évoqué la possibilité d’avoir des pokéstops dans nos drive. C’est une idée intéressante mais nous y avons renoncé. Notre objectif n’était pas de créer du trafic mais d’humaniser nos drive en proposant un moment convivial et divertissant à nos clients », précise Quentin Brief, responsable marketing digital d’Auchan Drive.

En attendant, les commerces de l’électronique grand public ont eux bénéficié de retombées financières bien réelles. Leurs ventes de batteries externes ont fait un bond au mois de juillet. « Les joueurs en sont très friands car Pokémon Go étant une application très gourmande en énergie, ces produits leur permettent de prolonger l’utilisation de leurs smartphones de deux à dix heures », précise Julien Boyez, chef de produit chez Boulanger.

Ces deux dernières semaines, les ventes de l’enseigne ont respectivement augmenté de 130 % et 250 % sur un an. Pour profiter à plein de « l’effet Pokémon Go », la marque a judicieusement fait des mises en avant des batteries externes à l’entrée de ses magasins. Une hausse des ventes que confirment également les autres grands acteurs du secteur, comme LDLC, qui note une « accélération de [ses] ventes de batteries externes », probablement « liée au phénomène Pokémon Go ».

La pokémania n’inspire pas que la grande distribution. Les collectivités y trouvent aussi un bon moyen de dynamiser leurs villes et d’attirer les jeunes générations. A Arras, la mairie a organisé une chasse géante, installant des « leurres » – pour attirer les Pokémon – à divers endroits. « L’idée était d’animer notre territoire de façon ludique et moderne, tout en mettant en valeur des lieux de notre ville, précise Anthony Blondeau, directeur de la communication de la ville d’Arras. Ça ne nous a coûté qu’une trentaine d’euros, le prix des leurres. » Un pari gagnant : près de 500 joueurs y ont participé.

Comprendre le succès de Pokémon en 10 chiffres clés
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Images : Nintendo, The Pokémon Company, Newtiteuf