Des rebelles ont fait exploser dimanche un oléoduc appartenant au groupe anglo-néerlandais Shell dans le sud pétrolifère du Nigeria, alors que le gouvernement nigérian cherche à engager des négociations avec le groupe rebelle des Vengeurs du Delta du Niger.

La compagnie Shell n’a pas encore confirmé le sabotage. Si l’acte n’a pas été revendiqué pour le moment, le mode opératoire est semblable aux attaques que mène depuis six mois le groupe rebelle séparatiste des Vengeurs du Delta du Niger (NDA) sur les infrastructures pétrolières du sud du Nigeria, premier producteur de pétrole d’Afrique.

Le lieu du sabotage de cet oléoduc, le Trans Ramos, a été identifié au coucher du soleil par les habitants, accompagnés de membres de la SPDC, la filiale de Shell au Nigeria, ont expliqué à l’AFP des habitants. « L’incident est survenu vers 01H00 du matin près de la communauté d’Odimodi dans l’Etat du Delta avec le souffle de l’explosion qui a fait trembler les murs des appartements, au milieu d’une énorme boule de feu », a raconté Endoro Newworld, l’un des résidents de cette localité du delta du Niger.

Un autre villageois a indiqué à l’AFP, sous couvert d’anonymat, que cette canalisation avait déjà été la cible des rebelles. « Le 22 de ce mois, il y a une tentative avortée pour attaquer ce même oléoduc, c’est pourquoi nous nous attendions à ce que la sécurité soit renforcée dans cette zone, mais nous sommes vraiment déçus que cette fois-ci, ils aient réussi », a-t-il déploré.

Le président du Nigeria Muhammadu Buhari a récemment déclaré que des négociations étaient en cours avec le groupe rebelle. Le gouvernement « est en pourparlers avec les militants des Vengeurs du Delta du Niger par le biais d’entreprises pétrolières et des forces de sécurité, afin de trouver une solution à l’insécurité dans la région », avait déclaré le président Buhari le 21 juillet. Le groupe des Vengeurs du Delta du Niger avait alors démenti être en négociations.

Leurs attaques ont visé tant les installations de la compagnie nationale nigériane que celles appartenant aux grands groupes pétroliers internationaux comme Shell, Chevron, Exxon ou encore Eni. Elles ont entraîné une forte réduction de la production pétrolière du pays, déjà frappé par la chute des cours du brut, qui contribue à 70 % des revenus de l’Etat.

Les Vengeurs exigent le départ du pays des compagnies pétrolières étrangères de cette région qui, malgré les revenus du pétrole, reste déshéritée. Ils revendiquent également l’autodétermination de la région du Delta.