Didi Chuxing vient de gagner la bataille des applications de voitures avec chauffeur face à Uber : lundi 1er août, l’entreprise chinoise a annoncé qu’elle allait racheter les activités chinoises d’Uber. Pour l’américain, trois ans et quelques milliards de dollars après son entrée en Chine, c’est une défaite. D’après l’accord dévoilé par « Didi », l’entreprise américaine et ses partenaires chinois détiendront 20 % de Didi, jusqu’ici évalué à 28 milliards de dollars (25 miliards d’euros), auxquels il faudra ajouter les 8 milliards de la division chinoise d’Uber.

C’est une aubaine pour la société chinoise, puisqu’après des années de flou juridique, le ministère des transports a annoncé, jeudi 28 juillet, la légalisation des services de réservation de voitures avec chauffeur. L’annonce précisait une condition qui a peut-être poussé à l’accord entre Didi et Uber : les entreprises n’ont pas le droit d’opérer à perte. La concurrence déloyale des applications avait en effet été dénoncée par les chauffeurs de taxis chinois, qui ont manifesté à plusieurs reprises depuis l’arrivée des chauffeurs à la demande dans leur pays.

Trop cher pour Uber

D’après Bloomberg, ce sont les actionnaires d’Uber qui ont poussé le PDG de la start-up la plus chère du monde à mettre fin aux hostilités. Trop cher : depuis son entrée sur le marché chinois en 2013, Uber perdait plus d’1 milliard de dollars par an, avait admis en février Travis Kalanick, fondateur et dirigeant d’Uber, lors d’un tchat avec des internautes. « Nous avons un adversaire féroce, qui n’est rentables dans aucune des villes où il opère mais qui achète des parts de marché », avait-il déclaré. Une affirmation démentie par Didi, qui prétend être bénéficiaire dans la moitié des villes dans lesquelles il opère.

Alors qu’Uber avait tenté de racheter Didi Dache en 2014, l’alliance de Didi Dache et de son concurrent local Kuaidi Dache l’année suivante avait donné naissance à Didi Chuxing, un mastodonte trop grand pour être avalé par Uber. Didi compte aujourd’hui 43,1 millions d’utilisateurs actifs, contre 10,1 millions pour Uber Chine, d’après le cabinet de recherche Analysys International.

Puissant investisseur

Didi a notamment su attirer une série de puissants investisseurs qui lui ont permis de continuer à subventionner ses utilisateurs quand Uber ne le pouvait plus, afin de conquérir des parts de marché. Didi Chuxing était soutenu à la fois par Tencent et Alibaba, respectivement premier et deuxième géants du web en Chine en termes de valeur. En mai, c’est Apple qui y avait investi 1 milliard de dollars.

Uber avait obtenu le soutien du troisième géant du web chinois, Baidu, mais cela n’a pas été suffisant. Si le rachat devrait rassurer les actionnaires d’Uber, les utilisateurs chinois risquent de voir les prix de leurs trajets augmenter. Aux plus belles heures de la concurrence entre Uber et Didi, en 2014, les chauffeurs pouvaient gagner jusqu’à 20 000 yuans (2 700 euros) par mois dans les grandes villes. Aujourd’hui, conduire des passagers reste un métier lucratif. « En travaillant six jours sur sept, je gagne environ 16 000 yuans par mois », confie Lu Xia, à Shanghai, qui, au volant de sa voiture électrique de la marque chinoise BYD, travaille aussi bien avec Didi que Uber. C’est beaucoup plus que son ancien salaire de réceptionniste dans un hôtel, où il gagnait moins de 6 000 yuans par mois.