Si les FARC colombiens scellaient une paix durable avec Bogota, les Etats-Unis envisageraient alors de supprimer le groupe rebelle de leur liste noire d’« organisations terroristes étrangères », a affirmé lundi 1er août le secrétaire d’Etat John Kerry. « Nous réexaminons constamment les appellations des groupes terroristes pour n’importe quel pays », a répondu M. Kerry lors d’une conférence de presse avec son homologue colombienne Maria Angela Holguin :

« Si les FARC font la paix et respectent l’accord, qui, nous l’espérons, sera signé, s’ils désarment, agissent pour la paix et renoncent à la violence (...) il sera tout à fait naturel que, dans le contexte de notre processus de réexamen, les Etats-Unis tiennent compte des mesures prises [par la guérilla]. »

« Ce serait évidemment, pour l’essentiel, dans le cadre d’une nouvelle Colombie et d’une nouvelle situation les concernant », a tempéré le ministre américain.

Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes) figurent depuis 1997 sur une liste du département d’Etat d’« organisations terroristes étrangères » soumises à des sanctions économiques et juridiques américaines. Les Farc y côtoient des dizaines de groupes comme l’Etat islamique, Al-Qaida, le Hamas, le Hezbollah, le PKK et des organisations asiatiques islamistes.

450 millions de dollars

Les FARC, en cessez-le-feu unilatéral depuis un an, et le gouvernement colombien ont signé le 23 juin un accord pour un arrêt définitif et bilatéral des hostilités et le désarmement des rebelles, qui entrera en vigueur une fois la paix conclue.

L’accord paraphé à La Havane, où les négociations ont débuté en 2012, prévoit qu’après la signature de la paix les guérilleros seront rassemblés dans 23 zones du pays, sous le contrôle de l’ONU, chargée de collecter puis de détruire leurs armes.

Les FARC, issues en 1964 d’une insurrection paysanne, sont la plus importante guérilla de Colombie avec environ 7 000 combattants, selon des chiffres du gouvernement.

La guerre qui ravage la Colombie depuis plus d’un demi-siècle a opposé guérillas d’extrême-gauche, paramilitaires d’extrême-droite et forces armées, faisant au moins 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,9 millions de déplacés, selon des estimations officielles.

Les Etats-Unis ont depuis le président Bill Clinton (1993-2001) promu un « Plan Colombie » de coopération bilatérale que Barack Obama a prolongé en février par un plan de paix de 450 millions de dollars. « Le gouvernement colombien et les FARC s’approchent d’un accord final [mais] il reste des sujets difficiles à régler », a concédé John Kerry.

Colombie : un accord de paix historique à La Havane
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