Le plan de départs de SFR, qui prévoit la suppression d’un tiers des effectifs du groupe d’ici à l’an prochain, continue de susciter des remous. Mardi 2 août, la ministre du travail, Myriam El Khomri, a reçu à 14 h 30 les représentants des syndicats, puis à 18 heures Michel Combes et Michel Paulin, respectivement PDG et directeur général de SFR. Objectif de la ministre : s’informer de la situation de l’entreprise, et s’assurer que l’opérateur télécoms, qui avait promis de ne pas mener de plan de réduction des effectifs avant le 30 juin 2017, respecte ses engagements.

« Les échanges ont été très ouverts, autant avec la direction qu’avec les syndicats. Tout le monde était d’accord pour dire que, face à la mutation du secteur, il était nécessaire de transformer l’entreprise », indique-t-on dans l’entourage du cabinet. Mme El Khomri ne compte pas intervenir dans les échanges entre la direction et les syndicats, mais veut s’assurer que « le dialogue social se poursuit afin qu’un accord puisse être trouvé ».

De fait, la direction et les syndicats négocient d’arrache-pied un accord social qui couvrirait les 5 000 départs. Pour mener ce plan ambitieux, qui prendrait la forme de départs volontaires et non de licenciements secs, les dirigeants de SFR ont adressé une dernière version de l’accord lundi 2 août dans la nuit, afin de le faire valider par les syndicats cette semaine. SFR souhaite en effet ramener son effectif à 10 000 personnes dès l’an prochain, contre 14 300 aujourd’hui. La direction s’engage aussi à ne pas descendre au-dessous de ce seuil avant la fin de 2019. Mais ce chiffre n’inclut pas les 1 000 CDD et autres intérimaires employés par l’opérateur. Objectif : faire fondre à l’horizon 2018 la masse salariale à 400 millions d’euros, contre environ 1 milliard aujourd’hui.

Conditions généreuses pour les partants

Ce plan se découperait en deux phases. Il prévoit d’ici à Noël la restructuration de la distribution. 1 000 personnes sur 3 900 devraient être concernées. Un tiers des réductions d’effectifs portera sur les fonctions supports (formation, direction financière…), un tiers sur les boutiques en propre et un tiers se matérialisera par la cession de magasins.

La direction espère ensuite pouvoir mettre en œuvre la deuxième phase de son plan, qui prévoit de faire partir 4 000 salariés au second semestre 2017. Financièrement, les conditions faites aux partants sont généreuses. SFR propose 2,5 mois de salaire par année d’ancienneté, s’alignant ainsi sur le précédent plan de réduction des effectifs, en 2013.

Mais pour les syndicats, le compte n’y est pas encore. Ils pointent d’abord le caractère vague du plan. De fait, les dirigeants ne leur ont pas encore présenté les « grandes orientations stratégiques » du groupe. Ils devraient communiquer à partir de la rentrée. « On nous a donné un chiffre mais on ne dit pas quels sont les métiers qui vont être impactés », lance Fabrice Pradas, délégué syndical central de l’UNSA. Parmi les motifs d’inquiétude : une disposition voulue par la direction, qui lui permet d’externaliser des postes dans une autre filiale d’Altice, la maison mère de SFR, ou dans une société extérieure.

« Ils sont en train de tuer SFR ! »

Pour quel motif et sur quel métier ? Mystère. Les syndicats craignent en réalité que la direction utilise ce procédé pour sous-traiter des licenciements. « Cela veut dire que les 5 000 postes supprimés, c’est un plancher minimum ! », se désole Sana Iffach, déléguée syndicale centrale CFE-CGC. « Nous n’avons aucune garantie sur cette partie », corrobore Fabrice Pradas. La direction a promis de « reconstituer le volume d’effectifs » s’il était détruit ailleurs. Manifestement, cet engagement ne suffit pas à rassurer les représentants du personnel.

Le calendrier inquiète aussi. « Où est le volontariat quand il s’agit de faire partir 4 000 salariés en six mois ? Ils sont en train de tuer SFR ! Nous voulons revoir ce chiffre à la baisse et faire inscrire les garanties sur l’emploi dans les licences accordées à SFR. Nous avons dit à la ministre que nous ne pouvions pas accepter l’accord », poursuit Sana Iffach. « On veut s’assurer que c’est l’organisation qui va s’adapter et non l’inverse. Par le passé, on a mis en place des organisations cibles. Et certains salariés qui avaient choisi de rester se sont retrouvés avec un emploi fictif, pas du tout à la hauteur de leurs compétences », complète le délégué de l’UNSA. Autant dire qu’une signature de l’accord cette semaine paraît difficilement réalisable.