Thomas Bach au village olympique de Rio, le 28 juillet 2016. | IVAN ALVARADO / AFP

« Tudo bem ». Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes olympiques. Voilà en substance le message que distille Thomas Bach depuis plusieurs mois et encore plus ces derniers jours. Le président allemand du Comité international olympique (CIO) affiche un optimisme constant, sa méthode à lui pour mettre en sourdine les polémiques qui n’ont pas manqué durant la période préolympique.

Dès son arrivée à l’aéroport de Rio, mercredi 27 juillet, où il a été accueilli par le président du comité d’organisation des Jeux 2016, Carlos Nuzman, avec qui il s’est livré à un concours de sourires, M. Bach a déclaré : « Nous avons une totale confiance, les Jeux seront fantastiques. » A 62 ans, il vit ses premiers Jeux d’été comme président du CIO, lui qui a été élu à la tête de l’instance en septembre 2013. Pas question de lui gâcher la fête. « Nous sentons déjà l’ambiance des Jeux grâce aux sourires des volontaires, s’est-il enthousiasmé à sa descente de l’avion. Nous avons hâte ! »

En attendant que la fête commence, vendredi, avec la cérémonie d’ouverture, cet ancien escrimeur, avocat de profession, a tenu à déminer un par un les sujets de préoccupation de l’été. Dernière ombre au tableau : le village olympique, inauguré le 24 juillet, et où la moitié des trente et un immeubles présentaient des problèmes de tuyauterie, d’inondations ou d’éclairage – inquiétant pour les 10 500 athlètes attendus. M. Bach s’est rendu au village, « sans même prendre le temps d’une douche ou de [se] raser ». Et ce qu’il a vu l’a rassuré : « Sur place, en discutant avec les athlètes et les chefs de mission, j’ai senti qu’ils étaient assez positifs. Les derniers travaux ont été menés au cours des dernières vingt-quatre heures, et le village est maintenant fantastique. »

Pas sûr qu’il ait pu échanger avec la délégation australienne, qui avait d’abord logé à l’hôtel, jugeant le village inhabitable, avant de s’y installer et de devoir de nouveau déménager à cause d’un incendie – « sans drame », selon un porte-parole de la délégation –, le 29 juillet.

« Joie de vivre » et « gentillesse »

Les organisateurs brésiliens n’ont pas tenu toutes leurs promesses, loin de là, mais le président du CIO n’a jamais joué le père Fouettard en public, préférant les encouragements aux sermons. Ainsi, à propos de la qualité de l’eau de Rio, qui devait être nettoyée à « 80 % » selon une promesse de 2009. En mars 2016, alors que la situation paraissait déjà très mal embarquée, M. Bach déclarait au Monde : « Les Brésiliens ont nettoyé 60 % de l’eau dans la région où les compétitions vont se dérouler. (…) Ce n’est pas ce qu’ils avaient promis. Mais sans les Jeux, rien n’aurait été fait. » Depuis, les études et les images édifiantes des eaux polluées de la baie de Guanabara se sont accumulées.

Dernier sujet sensible et non des moindres, la participation d’un peu plus de 250 sportifs russes, alors que plusieurs rapports de l’Agence mondiale antidopage (AMA) ont souligné ces derniers mois un « dopage d’Etat » en Russie, étendu à de nombreuses disciplines. La décision du CIO de ne pas exclure le pays de Poutine a alimenté les critiques.

Lors d’une conférence de presse à Rio, le 31 juillet, M. Bach les a une nouvelle fois repoussées, estimant que son organisation n’était « pas responsable » du « timing » du rapport McLaren, publié le 18 juillet, ni « du fait que différentes informations qui ont été offertes à l’AMA il y a quelques années n’ont pas été suivies d’effets ». Avant de se féliciter, une nouvelle fois, de la « passion des Brésiliens pour le sport, [de] leur joie de vivre et [de] leur gentillesse ». En VRP de la cause olympique, l’Allemand ne veut pas se départir de son sourire.