A chaque édition, tous les observateurs se prêtent au jeu des pronostics. Des instituts bancaires, comme Goldman Sachs, aux comités olympiques nationaux, chacun tente une estimation du tableau final des médailles avant le début des Jeux. Du côté du comité national olympique français (CNOSF), on espère « atteindre voire dépasser le record » de 41 médailles obtenues à Pékin, en 2008. Denis Masseglia l’assure, la délégation française peut bénéficier d’un « tournant » que les JO de Rio incarnent, selon lui, notamment sur le front de la lutte antidopage.

  • Natation et judo, fers de lance de la délégation bleue

A Londres, l’équipe de France de natation a rapporté à la délégation française sept médailles, dont quatre en or, soit un cinquième du total final de médailles. Et à Rio aussi, les nageurs français devraient de nouveau être les plus importants pourvoyeurs de médailles. Le relais 4 × 100 m masculin fait figure de favori pour la médaille d’or. A 28 ans, Jérémy Stravius arrive à maturité et peut légitimement espérer monter sur les podiums de 100 m et 200 m nage libre. Camille Lacourt, en 100 m dos et Florent Manaudou, sur 50 m nage libre, sont évidemment aussi de très grands espoirs de médailles du plus beau métal. Quant à Aurélie Muller, la nageuse entraînée par Philippe Lucas, championne du monde et d’Europe en titre du 10 km en eau libre, fait figure de favorite dans sa discipline même si, sur des distances aussi importantes, une défaillance peut toujours arriver.

Camille Lacourt fait partie des meilleurs nageurs du monde du 100 m dos. | STEFAN WERMUTH / REUTERS

L’équipe de judo devrait aussi assurer à la France une multitude de médailles. Comme la natation, le sport originaire du Japon a rapporté sept médailles lors des derniers Jeux. Si les judokas peuvent légitimement espérer approcher de la demi-douzaine de breloques, les plus grandes chances reposent évidemment sur Teddy Riner, champion olympique en titre et porte-drapeau de l’équipe de France. Le judoka qui concourt dans la catégorie des plus de 100 kg verrait toute médaille autre qu’en or comme un échec. Loïc Pietri, chez les moins de 81 kg, au palmarès déjà bien fourni, peut prétendre à un podium. Chez les femmes, Clarisse Agbegnenou, Gévrise Emane, Priscilla Gneto et Automne Pavia ont d’excellentes références et peuvent s’approcher tout près du podium olympique.

Teddy Riner aux JO : « La médaille est là mais il faut aller la chercher »
Durée : 04:45

  • L’athlétisme en période de transition

Deux générations se côtoient actuellement en équipe de France d’athlétisme. D’un côté les valeurs sûres, comme Renaud Lavillenie, qui pourrait être seulement le second perchiste à conserver son titre olympique après Bob Richards en 1956. Chevronné et habitué aux grands rendez-vous, le perchiste pourrait être accompagné pour un éventuel podium par Yohann Diniz, sur 50 km marche, à qui le Graal olympique échappe depuis toujours, malgré son record du monde de la distance. Mahiedine Mekhissi-Benabbad, de son côté, dans le 3 000 m steeple, a toujours brillé lors des grands rendez-vous. Sa capacité d’accélération dans les derniers mètres pourrait lui permettre de s’approcher tout près d’un podium, malgré la grande force de frappe kényane sur cette distance.

L’autre génération d’athlètes présente à Rio qui peut accrocher des médailles n’a encore rien prouvé à ce niveau de compétition mais pourrait bénéficier du retrait de certains athlètes russes. Sur le double tour de piste, Pierre-Ambroise Bosse et Rénelle Lamotte peuvent espérer décrocher une place en finale. Les courses souvent tactiques des Jeux olympiques pourraient leur permettre de faire parler leur capacité d’accélération dans le dernier tour. Quant au sprint, Christophe Lemaître semble avoir été dépassé par Jimmy Vicaut, qui détient la troisième meilleure performance mondiale de l’année, devant Usain Bolt. Mais le sprinteur jamaïquain devrait être au rendez-vous et rend incertaine la présence de Vicaut sur la boîte. Les relais 4 × 400 m féminin et 4 × 100 m masculin espèrent secrètement une médaille. L’aléatoire de ce genre de discipline peut leur donner de réalistes espoirs.

En cas de victoire à la perche, Renaud Lavillenie peut conserver son titre, obtenu à Londres, en 2012. | ADRIAN DENNIS / AFP

  • Les sports collectifs candidats

Les « Experts » peuvent-ils réaliser le triplé ? Les handballeurs bleus sont favoris du tournoi olympique. Les doubles champions olympiques en titre verraient une médaille d’un autre métal que l’or comme un cuisant revers. Malgré des performances au niveau international en baisse, les hommes de Claude Onesta n’en demeurent pas moins une équipe à l’expérience et à la combativité exceptionnelles.

Les équipes masculine et féminine de basket sont aussi candidates à un podium. Les « Braqueuses », en argent à Londres en 2012, seront certes privées de leur capitaine, Céline Dumerc, victime d’une entorse de la cheville, mais elles prétendent rééditer leur résultat des derniers Jeux. De même, les hommes, emmenés par un Tony Parker investi pour ajouter une médaille olympique à son palmarès peuvent créer l’exploit et monter sur le podium.

L’équipe de volley, emmenée par Earvin Ngapeth, peut raisonnablement se fixer pour objectif l’obtention d’une médaille de bronze.

  • Piste et VTT au cœur des espoirs

Si le parcours de la course en ligne peut convenir à Julian Alaphilippe et Alexis Vuillermoz, voire Romain Bardet, c’est surtout sur le parcours de VTT et le vélodrome de Barra que les regards vont se tourner. Julien Absalon et Pauline Ferrand-Prévot, qui s’alignera sur route et en VTT, sont de très sérieux candidats au titre olympique. L’équipe de france de cyclisme sur piste est, quant à elle, l’une des meilleures du monde, derrière les intouchables anglais. Grégory Beaugé, en vitesse, et François Pervis, en keirin et vitesse par équipes, ne cachent pas leurs ambitions de titre. Les deux hommes composeront avec Michaël D’Almeida, l’équipe de vitesse et prétendent à une médaille de bronze, au minimum. Thomas Boudat, sur l’omnium, est candidat au podium. En BMX, Joris Daudet, le champion du monde en titre, a de sérieuses ambitions, et vise l’or.

Pauline Ferrand-Prévot est candidate au titre olympique en VTT et sur route. | FRED TANNEAU / AFP

  • Escrime, triathlon, tennis et canoë-kayak

L’escrime a longtemps été la spécialité des Français. A ce titre, Charlotte Lembach, en sabre, Gauthier Grumier, en épée, et l’équipe masculine d’épée sont de sérieux prétendants à la chasse aux breloques.

Sur le triathlon, Vincent Luis ne cache pas ses ambitions. Excellent nageur, cycliste accompli, l’homme de 27 ans a énormément progressé en course à pied, au point de terminer deuxième des championnats de France de cross-country. De quoi lui donner des espoirs de podium. Matthieu Péché et Gauthier Klauss, quatrièmes des derniers JO et champions du monde en titre rêvent de l’or en canoë slalom.

Au total, l’équipe de France olympique peut donc tabler sur une bonne trentaine de breloques. Mais il ne fait aucun doute que des sportifs oubliés des radars brilleront à Rio, et que certains favoris ne parviendront pas à l’emporter. C’est ce qui fait tout le sel des compétitions olympiques et qui nous tiendra éveillés malgré les horaires nocturnes des compétitions.