Au Kirghizistan, le 4 juillet 2016. | VYACHESLAV OSELEDKO / AFP

Plusieurs centaines de sites en France, d’autres à l’étranger, des milliers de bénévoles, un jeune croissant lunaire, des planètes, des constellations, la Voie lactée et une météo qui s’annonce plutôt favorable. Tout est prêt pour la 26e édition des Nuits des étoiles, qui se tiendra sur trois soirs, les 5, 6 et 7 août.

Depuis 1991, plusieurs millions de personnes ont découvert et apprécié la voûte céleste lors de cette manifestation. A l’époque, cette fête annuelle de l’astronomie naît de la conjonction de deux projets : celui de la chaîne de télévision France 2 de créer une émission sur l’astronomie et celui de plusieurs associations nationales de proposer une opération « portes ouvertes » des clubs d’astronomie au cœur de l’été. L’émission s’est arrêtée après quelques années, mais les Nuits des étoiles continuent d’être organisées par l’Association française d’astronomie avec l’aide de centaines de clubs d’astronomes amateurs et le soutien de partenaires institutionnels et industriels – Centre national d’études spatiales (CNES), CNRS, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et Airbus Defence and Space.

Un contenu de cette page n'est pas adapté au format mobile, vous pouvez le consulter sur le site web

L’avantage de participer aux soirées d’observations organisées pour les Nuits des étoiles, outre leur gratuité, tient au fait qu’il y est possible d’observer les astres avec des instruments astronomiques de toutes dimensions, des jumelles aux lunettes ou aux télescopes de grand diamètre. Une fois la Lune et ses cratères tombés sous l’horizon, les participants pourront rester « scotchés » devant la vision des anneaux de Saturne, parcourir les volutes d’hydrogène des nébuleuses qui ponctuent la Voie lactée, découvrir les amas stellaires scintillants que contiennent les constellations du Sagittaire et d’Hercule, ou encore la spirale cotonneuse de la galaxie d’Andromède. La lumière émise par les étoiles de cette galaxie a voyagé durant près de 2,4 millions d’années dans l’espace avant de toucher les yeux et d’activer les imaginations.

Hommage à André Brahic

Ce rendez-vous annuel change de dates d’un été à l’autre pour s’adapter à… la Lune. En effet, il en faut un peu – elle est si spectaculaire dans un télescope ! – mais pas trop pour que son éclat ne gomme pas les étoiles toute la soirée. L’idéal est, comme pour ce week-end, de bénéficier d’un jeune croissant en début de soirée, qui ira assez rapidement se coucher. Cette année, les Nuits des étoiles seront l’occasion de rendre hommage à l’astrophysicien français André Brahic, décédé le 15 mai. Ce spécialiste internationalement reconnu du Système solaire et de son exploration était un vulgarisateur talentueux ainsi qu’un fidèle des Nuits des étoiles et des manifestations publiques consacrées à l’astronomie. Ses conférences étaient des moments intenses qui pouvaient durer plus longtemps que des concerts de rock stars et laissaient les spectateurs éblouis par une énergie virevoltante et un enthousiasme communicatif.

André Brahic ne sera pas sur scène cet été, mais des centaines d’animateurs et d’astronomes amateurs ou professionnels prendront le relais pour dialoguer avec le public et l’accompagner au cœur de la nuit en suivant le fil conducteur de cette 26e édition : l’eau et la recherche de la vie – l’eau, qui abonde dans la plupart des planètes et qui constitue l’élément majoritaire de nombreuses lunes, d’innombrables astéroïdes et de noyaux cométaires, sous forme de vapeur ou de glace, mais également sous forme liquide dans les immenses nappes océaniques piégées sous les croûtes de glace de certains satellites naturels de Jupiter ou de Saturne.

Arcturus, Véga, Altaïr...

En observant Saturne dans une lunette, en admirant ses anneaux d’une délicatesse infinie, constitués de myriades de particules de glace, et en dialoguant avec des animateurs passionnés, on comprendra mieux l’importance de cette molécule dont la présence semble indispensable à l’apparition de la vie telle que nous la connaissons. Chercher l’eau dans le Système solaire, notamment à l’aide de sondes spatiales, c’est chercher des endroits où la vie aurait pu ou pourrait se développer ailleurs que sur notre planète.

Vendredi, samedi ou dimanche, le programme céleste restera sensiblement identique. Dès le coucher du Soleil, l’arc lunaire sera visible au-dessus de l’horizon ouest-sud-ouest, un peu plus haut et un peu plus épais chaque soir. Moins d’une demi-heure après le départ de l’astre du jour, vous parviendrez peut-être à distinguer à l’œil nu l’étincelle de Vénus dans la clarté du couchant, mais, selon la limpidité de l’atmosphère, la tâche pourrait s’avérer ardue.

Encore une demi-heure plus tard, vers 22 h 15, le point éclatant de Jupiter s’imposera non loin de l’arc sélène. Au sud, Saturne et Mars s’éveilleront à leur tour et, progressivement, s’allumeront sur l’écran de la nuit les étoiles les plus brillantes : Arcturus dans la constellation du Bouvier, Spica dans celle de la Vierge, Véga de la Lyre, Deneb du Cygne et Altaïr de l’Aigle, ces trois derniers astres formant ce qu’on appelle le Triangle d’été.

Phosphorescente Voie lactée

Depuis un site d’observation urbain ou périurbain, on observera les planètes et la Lune, mais quelques dizaines d’astres au mieux peupleront une voûte céleste salie par le voile orangé, plus ou moins intense, de la pollution lumineuse, engendré par les éclairages urbains et routiers. Soit juste assez pour tenter de reconnaître les constellations indiquées sur notre carte du ciel. En s’éloignant de ces sources lumineuses excessives et en prenant si possible un peu d’altitude, les étoiles se bousculeront rapidement sur le bol nocturne. La trace phosphorescente de la Voie lactée apparaîtra et accompagnera majestueusement l’observateur tout au long de la nuit, semblant pivoter autour du zénith.

Après quelques heures sous la voûte céleste, la perspective de l’observateur se sera singulièrement élargie, élevée jusqu’aux confins du Système solaire et, au-delà, jusqu’aux systèmes planétaires que ne cessent de découvrir les astronomes et dans lesquels ils détecteront peut-être un jour une jumelle de notre planète. Et si le virus de l’observation est contracté, il faudra, dès la semaine prochaine, partir en quête d’un site offrant un ciel bien noir, ce afin de profiter du maximum d’activité de l’essaim des Perséides qui a lieu entre le 11 et le 13 août. On pourra alors observer, semblant jaillir de la constellation de Persée, jusqu’à plusieurs dizaines d’étoiles filantes déchirant l’obscur manteau de la nuit.

Comment bien voir la voûte céleste ?

Les observations pouvant se prolonger tard dans la nuit, prenez des habits chauds et des chaussures fermées pour profiter plus longtemps du spectacle céleste. Si vous avez une lampe de poche, diminuez son éclat avec un feutre rouge ou en scotchant dessus un morceau de plastique rouge pour ne pas vous éblouir et ne pas éblouir vos voisins ; dirigez toujours votre lampe vers le sol. Il existe des applications « lampe rouge » pour les smartphones.

Vous trouverez des points d’observation dans pratiquement tous les départements français. Quelques sites sont prévus à Paris (tour Montparnasse) et en banlieue parisienne (Saint-Ouen, Le Bourget, Ivry-sur-Seine, Plaisir, Mareil-Marly, Triel-sur-Seine). Ils vous permettront d’admirer la Lune, les planètes et quelques constellations, mais si vous voulez découvrir la Voie lactée, vous devrez vous éloigner des centres urbains sur-éclairés.

La liste complète des manifestations est accessible sur le blog « Astronomie » du Monde : autourduciel.blog.lemonde.fr.